Club de lecture

Lundi 13 février de 14h à 15h30

À l’initiative d’une de nos lectrices, un club de lecture s’est formé à la bibliothèque. Il se réunit tous les mois, pour échanger pistes, idées de titres, coups de cœur, lectures d’extraits…

Compte-rendu du 16 janvier 2023

Les femmes qui lisent sont dangereuses / Laure Adler et Stefan Bollmann
Le livre regroupe une centaine de reproductions de tableaux et de photos d’artistes connus et moins connus, à travers les époques, avec des courts commentaires. Même s’il s’agit d’une lettre, d’une carte routière ou d’un catalogue de mode, il y a toujours quelque chose de particulier à observer chez ces lectrices. Rêverie, attente, concentration, abandon… Dans les livres de tableaux commentés, on commence par regarder le titre et la date, et puis on essaie d’imaginer l’histoire cachée dans le tableau. Ce n’est qu’après qu’on regarde le texte, parfois on y est, parfois pas du tout ! Mais à chaque fois, il y a quelque chose à découvrir. Comme cette Vierge de l’Annonciation, qui est très pressée de retourner à son livre d’heures, dès que l’Ange partira. Ou cette Marilyn concentrée sur la lecture d’Ulysse de Joyce, elle l’a presque fini… Le livre commente surtout des tableaux, mais évoque aussi la littérature avec notamment quelques pages sur le livre Madame Bovary de Flaubert. J’ai mis du temps pour tout parcourir, mais c’était une excursion artistique fort sympathique. La qualité du choix des peintures, toutes les époques sont représentées, le Moyen-âge avec Simone Martini, le 17ème siècle avec les peintres hollandais Rembrandt, Elinga, Vermeer, le 18ème siècle avec Chardin, Boucher, Fragonard… Les 19ème et 20ème siècles sont également bien représentés avec Vanessa Bell, Edward Hopper, Vittorio Corcos. (présenté par Odette)

Blanc / Sylvain Tesson
Traverser les Alpes, de Menton à Trieste, à skis, donc en hiver. C’est le défi sportif qu’a relevé Sylvain Tesson, avec son ami le guide Daniel Dulac, et parfois un autre ami. Cela leur a pris quatre hivers, de 2018 à 2021. Journées longues et parfois difficiles, dans le froid, arrivée dans des refuges, pour la plupart désertés pendant l’hiver, un vrai exploit. « Pourquoi grimper sur les montagnes ? C’était la plus grande question, la plus belle et la plus inutile. » Ou encore « L’alpiniste est ce type qui ne trouvera jamais là-haut ce dont il manque en bas mais sera toujours prêt à y remonter. » Ce qui domine tout le récit, c’est l’admiration pour ces paysages magnifiques sublimés par la neige, la solidarité et l’amitié, le retour à une sorte de dépouillement. « À la halte, la récompense d’une journée de raid à ski consistait à se baigner dans l’air tiède, assis sur une chaise, un thé dans les mains, un sommet rosi de lumière en toile de fond, sans aucun défi à relever, ni rendez-vous à honorer, ni conversation à tenir. » Les quatre parties portent d’ailleurs des titres significatifs : La Liberté, Le Temps, La Beauté, L’Oubli. Tesson fait part aussi de ses considérations sur le mode de vie des villageois, sur la réalité géologique. « On croit que la montagne se dresse. Elle s’écroule. » (présenté par Thérèse)

L’enfant bleu / Henry Bauchau
Véronique, thérapeute dans un centre de jour, suit Orion, psychotique. Grâce à son imagination, il pourra par le dessin, la sculpture et ses dictées intérieures trouver une voie pour protéger sa vie. (présenté par Geneviève)

La storia / Elsa Morante
Dans cette fresque historique et populaire, l’auteur nous fait revivre à travers l’histoire d’Useppe, fruit d’un viol commis par un soldat allemand ivre, et de sa mère, les horreurs de la guerre 40-45, cet interminable assassinat. (présenté par Geneviève)

Un chien à ma table / Claudie Hunzinger
C’est l’histoire d’une chienne accueillie par un couple de retraités qui s’est retiré à la campagne. Yes, cette chienne blessée ne semble pas recherchée. Sophie, surnommée Fifi par Grieg, son compagnon, se raconte. L’irruption de Yes transforme la vie de Sophie. Désormais, il occupe une place importante dans le quotidien du couple, d’où le titre. L’occasion pour l’auteure d’exprimer avec finesse et profondeur son ressenti face aux problèmes environnementaux actuels, ainsi qu’à l’avenir de la planète. Autant récit que roman, lecture détente. (présenté par Michèle)

Ce qui reste des hommes / Vénus Khoury-Ghata
Diane, qui a atteint un âge qu’on préfère taire, se rend dans une boutique de pompes funèbres pour acheter une concession, et se retrouve avec un emplacement prévu pour deux cercueils… Au fil de sa vie bohème, Diane a aimé des hommes, s’est lassée de certains, a été quittée par d’autres, a enterré celui qui comptait le plus. Bref, elle est seule, n’a même plus de chat, et il ne sera pas dit que cette solitude la poursuivra dans l’au-delà. La voilà qui cherche, parmi les encore vivants qui l’ont aimée, celui qui serait prêt à devenir son compagnon du grand sommeil. Dans cette quête, elle est encouragée et volontiers taquinée par son amie de toujours, Hélène, veuve partie mettre en vente la villa sur la Riviera dans laquelle est mort son mari, et qui trouve là une manière inattendue d’ensoleiller sa vie. Ce roman aussi grave que fantasque, qui parle de mort, de solitude et de chagrin avec l’élégance de la légèreté, offre le portrait de vieilles dames indignes, délicieusement complices, bouleversantes et merveilleusement inspirantes. (présenté par Anne-Françoise)

Les nuits de la peste / Orhan Pamuk
En avril 1901, il se murmure que la peste s’est déclarée à Mingher, une île au large de Rhodes sur la route d’Alexandrie. Deux éminents spécialistes des épidémies sont dépêchés sur place par le sultan Abdülhamid II. La maladie infectieuse est rapidement confirmée mais imposer des mesures sanitaires représente un véritable défi, en particulier lorsqu’elles se heurtent aux croyances religieuses. Dans cette île multiculturelle où musulmans et orthodoxes tentent de cohabiter, la maladie agit comme un accélérateur des tensions communautaires. Et si l’union était rendue possible par la construction d’une identité nationale ? Affaiblie par les contagions croissantes, mais vive dans ses élans révolutionnaires, Mingher, perle de la Méditerranée orientale, va connaître des mois décisifs pour son histoire et voir son destin bouleversé. Avec un talent de conteur hors pair, Orhan Pamuk fait de cette île imaginaire, minutieusement dépeinte, le théâtre d’une grande fresque historique où s’amorce la chute de l’Empire ottoman. Mêlant habilement fiction et réalité, atmosphères funestes et élans amoureux, Les nuits de la peste est un roman grave et tendre qui nous montre comment une situation de crise peut devenir le terreau d’une révolution politique. (présenté par Anne-Françoise)

La mort en été / Yukio Mishima
Dix nouvelles sont rassemblées. Elles reflètent tout à la fois la diversité des talents de Mishima – art du détail comme du développement thématique, art de la description comme de l’ellipse – et la diversité des univers qu’il pénètre. Les hommes d’affaires et leurs épouses, les geishas, les gens du peuple, les acteurs du kabuki, le vieux prêtre du temple de Shiga et les soldats finissent par composer un Japon moderne en butte à ses traditions séculaires. Et tout est là : l’amour vénal, l’amour sublime et sacrilège ; la perversion des femmes et du monde de l’argent ; les superstitions et le sens du sacré ; la mort. La mort accidentelle des enfants. Celle, attendue, d’un vieillard. La mort rituelle, choisie pour l’honneur – ce seppuku que Mishima a finalement exécuté sur lui-même. (présenté par Anne-Françoise)

Gabriële / Anne et Claire Berest
C’est l’histoire de la vie de Gabriële Buffet, théoricienne de l’art visionnaire, femme de Francis Picabia, maîtresse de Marcel Duchamp, amie intime d’Apollinaire. Et aussi arrière-grand-mère des sœurs écrivaines de ce livre. Septembre 1908. Gabriële Buffet, femme de 27 ans, indépendante, musicienne, féministe avant l’heure, rencontre Francis Picabia, jeune peintre à succès et à la réputation sulfureuse. Il avait besoin d’un renouveau dans son œuvre, elle est prête à briser les carcans : insuffler, faire réfléchir, théoriser. Elle devient « la femme au cerveau érotique » qui met tous les hommes à genoux, dont Marcel Duchamp et Guillaume Apollinaire. Entre Paris, New York, Berlin, Zürich, Barcelone, Étival et Saint-Tropez, Gabriële guide les précurseurs de l’art abstrait, des futuristes, des Dada, toujours à la pointe des avancées artistiques. Ce livre nous transporte au début d’un 20ème siècle qui réinvente les codes de la beauté et de la société. Passionnant. L’idéal est de le lire près de l’ordi pour pouvoir regarder / écouter les œuvres évoquées dans le livre. (présenté par Edith)

Les fêlures / Barbara Abel
Un de plus, toujours le même genre… Pas du tout ! Barbara Abel évolue dans son écriture. Nous sommes loin des cadavres sordides, le trash, le suspense haletant. Dans ce dernier roman, comme dans le précédent, tout l’intérêt se concentre sur la trame construite, à petites touches délicates, fines, de la description de la vie de ce jeune couple. Martin et Roxane se connaissent et s’aiment depuis quelques mois. Voilà pourtant qu’on retrouve le couple suicidé. Si Roxane finit par se réveiller, Martin lui n’en réchappe pas. Qu’est ce qui a poussé ce couple, tels des Roméo et Juliette, à vouloir se donner la mort ? Barbara Abel dissèque ici les abysses de deux êtres cabossés, meurtris par leur enfance. Entre passé et présent, on cherche la victime, le bourreau. Tout accuse Roxane. Sa sœur Garance pourtant si complice se met à douter. Les révélations sont accablantes. Et Roxane ne cesse de clamer son innocence. Un livre diaboliquement efficace avec une psychologie travaillée avec minutie. Une plongée immersive au cœur d’un couple, et de ses proches, qui tente de survivre aux affres de l’enfance, en proie à la différence de classe, aux jugements, aux non-dits. (présenté par Gérard)

Rendez-vous à la bibliothèque lundi 13/02, 13/03, 17/04, 15/05, 19/06 de 14h à 15h30.

Vous êtes les bienvenu(e)s même si vous n’avez pas de livre à présenter, à bientôt et bonnes lectures !