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Paysages rêvés : une balade littéraire en compagnie d’Anne Brouillard – jeudi 17 septembre 2015 à 18h30

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Retrouvez les photos de la baladeLe jeudi 17 septembre 2015, la bibliothèque a accueilli Anne brouillard pour une balade littéraire.

Retrouvez ici les photos de la balade.

Et sur Calameo, Retrouvez tous les livres d’Anne Brouillard, ceux abordés lors de la balade et ses coups de coeur dans la bibliographie éditée à l’occasion de cet événement.

 

 

Anne Brouillard parle de son livre « Le voyage d’hiver » from biblioherge on Vimeo.

Introduction de la bibliographie

Le temps d’une soirée, Anne Brouillard quittera les rivages de la Côte Belge pour rejoindre notre quartier etterbeekois de l’avenue de la Chasse. Elle viendra partager avec nous son parcours artistique, les souvenirs de ses lectures d’enfance, ses livres et auteurs favoris, ses influences. Elle feuillettera avec nous ses albums tout en évoquant leur conception et les techniques graphiques privilégiées.
Une balade littéraire qui s’inscrit dans notre saison thématique estivale « Paysages à la carte ».

Ouvrir un album d’Anne Brouillard, c’est partir en voyage et se laisser bercer par le rythme lent de la marche ou celui, plus lancinant, d’un train d’autrefois, comme un film qui se déroulerait au ralenti. C’est découvrir peu à peu des objets familiers, des personnages, des maisons et des lieux.

Réel ou imaginaire, au cœur de la ville ou en pleine nature, le paysage est au cœur du travail de l’artiste. Et puis, il y a la lumière et la magie des couleurs qui magnifient ses peintures. Les livres d’Anne Brouillard, empreints de poésie, surprennent, suscitent l’émotion, invitent à la contemplation et à l’harmonie. Ses histoires envoûtantes sont à la fois limpides et subtiles, l’atmosphère y est paisible, parfois inquiétante et l’inattendu y pointe souvent le bout du nez. Ses thèmes de prédilection sont l’enfance et le passage du temps, la nature et les animaux, la promenade et le voyage.

Née à Leuven en 1967, d’une mère suédoise et d‘un père belge, l’autrice- illustratrice a vécu plusieurs années en Ardenne namuroise à Orchimont avant de mettre le cap sur Ostende où elle réside. Elle a suivi des études artistiques à l’Institut Saint- Luc de Bruxelles. Son premier album, Les trois chats, paru en 1990 aux éditions du Sorbier, est d’emblée remarqué par la critique et rapidement publié en Allemagne et aux Etats-Unis. Vingt-cinq ans plus tard et une trentaine de livres à son actif, Anne Brouillard continue, avec ténacité et discrétion, à enchanter petits et grands. Récompensée à de nombreuses reprises, elle vient de recevoir le Grand Prix triennal de Littérature de Jeunesse décerné par la Fédération Wallonie-Bruxelles pour l’ensemble de son travail.

De ses lectures d’enfance, Anne Brouillard garde une tendresse particulière pour deux albums illustrés : Simp, le boulet de canon du génial John Burningham et Alexandre et la souris magique de Martha Sanders illustré par Philippe Fix. Marquants aussi furent les voyages en bateau de l’ourson Petzi, une série animalière créée en 1951 par Vilhelm et Carla Hansen, grand classique de la littérature enfantine danoise. Ensuite, il y a la découverte des premiers romans : « Jusqu’à l’âge de neuf ans, il y avait deux livres que j’adorais et que je relisais inlassablement : La trottinette rouge (Bibliothèque de l’Amitié) et Un petit chien et ses copains (Bibliothèque rose)… Vers 9 ans, j’ai été fort malade et ma soeur me faisait la lecture. J’ai ainsi découvert les Tony de Huguette Carrière dans la Bibliothèque rose chez Hachette, Génial ! J’en ai relu, ça tient la route ! Bien écrit, passionnant, plein d’ambiance… ». Anne Brouillard crée son premier livre à l’âge de 9 ans, Une ferme à la campagne. « J’aime le côté objet-livre, c’est quelque chose que j’aime faire. » Elle se passionne aussi pour les trains (elle voulait être conductrice de locomotive !), une passion qui se poursuit encore aujourd’hui et que l’on retrouve dans l’imaginaire ferroviaire de ses livres.

Les romans de la Bibliothèque Internationale chez Nathan l’enthousiasment également, Le secret du verre bleu de Tomiko Inui, Rasmus et le vagabond de Astrid Lindgren, Tom et le jardin de minuit de Philippa Pearce… autant d’univers fascinants. Sa mère lui raconte aussi les aventures de Moumine le Troll de Tove Jansson, que la jeune Anne s’amuse à dessiner inlassablement. On en retrouve d’ailleurs le souvenir dans le dessin du personnage du chien noir Kiliok, présent dans plusieurs albums de l’illustratrice (La terre tourne, Cartes postales…). Vers 13 ans, elle invente une histoire sans titre et sans texte, dans laquelle il est déjà question de paysage, de temps, de structure en boucle, de plans cinématographiques et d’évolution dans l’espace.

Côté bandes dessinées, elle aimait Tintin, Blake et Mortimer, adorait (et adore toujours) Spirou et Fantasio de Franquin, Johan et Pirlouit et Les Schtroumpfs de Peyo, les premières aventures de Yoko Tsuno ainsi que les ambiances de forêts et de mystère des premiers albums de La Patrouille des Castors. Au début de l’adolescence, elle se passionne pour André Dhotel (Le pays où l’on arrive jamais) et Paul Berna (La dernière Aube). « A cette époque, j’ai aussi découvert l’univers de Beatrix Potter, les histoires d’Arnold Lobel, les illustrations de Sendak. »

Un peu plus tard, elle entre dans l’univers de Maupassant avant de lire Sortilèges de Michel de Ghelderode, un livre qui ne la quittera plus et qu’elle relit souvent. Parmi les auteurs vers lesquels elle retourne régulièrement, il y a Giono, Maupassant, Henri David Thoreau (Walden ou la vie dans les bois), le naturaliste et entomologiste Jean- Henri Fabre, André Dhôtel, Yoko Ogawa, les poètes Verhaeren et Rilke, la poétesse française Valérie Rouzeau ou encore le philosophe-penseur indien Krishnamurti. Parmi ses livres préférés, l’autrice cite volontiers La course au mouton sauvage de Murakami, un roman japonais empreint de réalisme magique raconté par un narrateur à la fois drôle et désabusé, La draisine du romancier suédois Carl-Henning Wijkmark, qui raconte l’odyssée délirante de trois singes et d’un jésuite sur un radeau de fortune, La société vagabonde de Harry Martinson où le romancier revient sur ses années d’errance et de vagabondage en Suède…

En littérature de jeunesse, elle aime toujours autant John Burningham, Beatrix Potter, Arnold Lobel, Maurice Sendak mais aussi Bruno Munari, Arthur Rackham, Chris Van Allsburg, Monique Martin/Gabrielle Vincent (Un jour, un chien), Katy Couprie et Antonin Louchard (Tout un monde).

En bande dessinées, outre les titres déjà cités, ses goûts la portent autant vers la série dramatique sombre et mélancolique Sambre de Yslaire que vers les aventures humoristiques de Calvin et Hobbes de Bill Watterson ou encore Les Carnets d’Orient de Ferrandez, saga historique retraçant l’histoire de la présence française en Algérie.

Dans le domaine de la peinture et de l’image en général, elle apprécie : les gravures de l’artiste italien contemporain Livio Ceschin ; les ambiances d’intérieur de Bonnard, ses dessins et gravures ; les lumières et les aquarelles de voyages, les vues de Venise de Turner ; « les ambiances étranges, les maisons dans la pénombre et les lumières bizarres de Hopper » et, bien sûr, Léon Spilliaert : « Le jour où je l’ai découvert (j’avais 20 ans), ça a été un choc. C’était au Musée d’Art moderne de Bruxelles, tout simplement. » En photographie, plusieurs livres l’accompagnent également : les chefs d’œuvres de la collection photographique du Musée d’Orsay, les albums d’Eadweard Muybridge, John Blakemore, Josef Sudek, Eugene Atget

Anne Brouillard aime le cinéma. Parmi les nombreux films et réalisateurs, elle retient surtout la rencontre-choc avec Andreï Tarkovski, tout spécialement Stalker. Elle reste aussi sous le charme de l’univers animé du cinéaste russe Youri Norstein (1941) dont l’œuvre toute entière ne dépasse pas deux heures et qui met en scène des fables animalières mélancoliques sur la condition humaine.

Tant d’autres livres l’inspirent encore : « Des peintures chinoises où tout est écrit en chinois, des guides d’oiseaux, de mammifères, d’araignées, les livres de Paul Geroudet sur les oiseaux, des vieux livres de botanique, des vieux et nouveaux atlas géographiques, L’Atlas de la lune de Antonin Rükl, des vieux livres d’architecture avec des plans, et beaucoup de revues de chemins de fer… C’est sûr, j’oublie plein de choses… par exemple Selma Lagerlöf qui me murmure toujours ses histoires à l’oreille… e t puis il y a tous les paysages en VRAI, les promenades, les errances, les voyages en train… »

Anne Brouillard travaille volontiers en écoutant la radio (classique de préférence) ou simplement en silence, la fenêtre ouverte, en laissant entrer les bruit du dehors. Enfant, elle a étudié le solfège et joué du violoncelle. Elle s’amuse parfois à écrire des partitions dans certains de ses livres (Le bain de la cantatrice, Berceuse du merle).

Derrière cette avalanche de titres et une apparente diversité d’univers mis en avant par l’artiste, un fil rouge se dégage éclairant davantage encore la cohérence de l’oeuvre. Poétique et visuel, le monde d’Anne Brouillard est entièrement tourné vers la nature et l’harmonie, un monde où l’étrangeté, l’humour et l’imaginaire s’invitent dans le quotidien.

Aux lecteurs-lectrices vagabonds, il est vivement conseillé de se rendre dans la bibliothèque la plus proche afin d’y emprunter l’un ou l’autre de ses albums. Ensuite, il leur suffira de s’installer dans un coin de nature, devant un feu de bois ou dans un train de voyageurs, de suspendre le temps et de se laisser bercer par les mots et les images qui défilent.

Catherine Hennebert
Bibliothécaire paysagiste

Sources : lettre et entretien téléhonique avec Anne Brouillard, juillet 2015 ; Répertoire des auteurs et illustrateurs de livres pour l’enfance et la jeunesse en Wallonie et à Bruxelles, Fédération Wallonie- Bruxelles, 2014 ; Comment l’oeuvre d’Anne Brouillard peut s’organiser en constellations à partir de et autour de son album La terre tourne / Nelly Delaunay, Université du Maine, juin 2011



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