Club de lecture – Lundi 14 octobre 2024 de 14h à 15h30
Club de lecture
Lundi 14 octobre de 14h à 15h30
À l’initiative de l’une de nos lectrices, un club de lecture s’est formé à la bibliothèque. Il se réunit tous les mois, pour échanger pistes, idées de titres, coups de cœur, lectures d’extraits…
Compte-rendu du 23 septembre 2024
La narratrice est juge dans les affaires de terrorisme à Paris. C’est à elle de prendre la lourde décision d’emprisonner ou de relâcher les combattants de Daech rentrés en France. Dès la première ligne du roman, on sait qu’il y aura une tragédie : « Est-ce que vous voulez vraiment voir les images de l’attentat ? » Côté vie privée, elle a un mari juif qui, peu à peu, se rapproche de sa communauté et devient plus strict. Et, depuis peu, elle a un amant, marié lui aussi et avocat. Au cours d’un procès, elle se trouve confrontée à un jeune rentré de Syrie, qui se présente avec sa jeune épouse enceinte et qu’elle interroge longuement. L’avocat de ce jeune homme… est l’amant de la juge. Sa décision sera-t-elle influencée par sa passion amoureuse ? L’enquête est prenante, le lecteur se posant lui-même la question : vrai repenti ou manipulateur ? En revanche, en ce qui concerne les amours de la juge, le roman est moins convaincant, et la fin est peu crédible. (présenté par Thérèse)
Les Téméraires / Bart van Loo
L’histoire des ducs de Bourgogne est une véritable aventure militaire, politique et artistique, qui relève autant du conte de fées que d’un Game of Thrones. La raconter est un joli défi dont Bart Van Loo s’est emparé et qui nous entraîne sur les routes médiévales, de la Scandinavie des Burgondes à Dijon, en passant par Bruxelles, Gand, Bruges et Lille. D’une plume enjouée et érudite, Bart Van Loo fait revivre avec passion ces grands ducs téméraires et ambitieux, dont la puissance et la splendeur firent l’admiration et l’envie de toute l’Europe, et surtout de Paris. À leur apogée, les ducs voyageaient de Mâcon à Amsterdam sans passer une seule frontière. Ils unifièrent d’immenses territoires, dont la partie septentrionale devint le berceau de la Belgique et des Pays-Bas. De cette époque glorieuse, il reste désormais les témoignages d’artistes de génie tels Claus Sluter, Rogier Van der Weyden ou encore Jan Van Eyck, dont les œuvres ont laissé à jamais l’empreinte de cette prestigieuse famille sur le patrimoine français. (Extrait de Babelio) Avis personnel : livre très intéressant. Mais centré presque uniquement sur la Flandre, et non sur la Bourgogne dans son entièreté. Pas de traduction en note de bas de page des citations latines et néerlandaises. (présenté par Françoise)
Ce que je sais de toi / Eric Chacour
C’est l’histoire de Tarek, qui vit en Egypte, nous suivons son parcours entre son adolescence et sa vie d’adulte. Il décide de suivre les traces de son père, décédé. Il reprend les rênes du cabinet médical. Une vie où tout pourrait être bonheur, il est entouré de sa mère, sa sœur, et la servante qui fait partie et considérée comme un membre de la famille. Il retrouve son amour de jeunesse, qui avait disparu, rattrape le temps et se marie. Bien rodé entre sa patientèle et un foyer tout entier à sa dévotion entre mère, soeur, épouse et servante, l’existence de Tarek déraille pourtant lorsque, ayant ouvert un dispensaire dans le quartier du Moqattam, sordidement construit sur une décharge, il y choisit comme assistant Ali, un jeune prostitué dont il a entrepris de soigner la mère gravement malade. Une amitié se tisse entre les trois, mais le décès de la mère d’Ali va chambouler la vie de Tarek. En cette période où le retour d’Egyptiens partis travailler en Arabie Saoudite fait naître en Egypte un nouveau rigorisme religieux, la présence d’Ali aux côtés de Tarek dérange. (présenté par Odette)
African Lady / Barbara Wood
À travers l’histoire de trois générations, c’est presque un siècle de l’histoire du Kenya que l’on parcourt. Après avoir découvert le pays lors de la première guerre mondiale, les Britanniques commencent à s’y installer, attirés par l’immense territoire. C’est le début du colonialisme. 1920, Lord Traverton vient de créer une plantation de café à Nyeri, son épouse Rose arrive d’Angleterre pour le rejoindre, ainsi que sa sœur Grace. Cette dernière, médecin, a décidé d’y construire un dispensaire mais elle va se heurter à la guérisseuse de la tribu kikuyu qui occupait les terres avant leur installation. Celles-ci vont être happées par l’ambition des Européens pendant que les populations locales vont se diviser. Certains vont accepter de travailler pour les Blancs quand d’autres vont entrer en rébellion pour lutter pour la sauvegarde de l’âme africaine jusqu’à l’obtention de l’indépendance en 1963. Dans ce roman, l’auteure nous parle de la condition féminine et de son évolution à travers le temps : Grace est une des premières femmes médecins et a eu du mal à s’imposer dans un milieu d’hommes. Son existence est en total opposition avec celui de sa belle-soeur Rose, la femme de Lord Traverton, qui n’a pour seule raison d’être que de mettre en valeur son mari et sa propriété à travers de grandioses réceptions. Mais les temps changent, la révolte gronde aussi dans le cœur des femmes. Barbara Wood nous décrit également le sort de la femme africaine, encore moins enviable, notamment avec ses coutumes ancestrales telle que l’excision contre laquelle Grace va lutter de toutes ses forces. J’ai adoré ce roman : entre haine et amour, l’histoire de deux peuples qui se déchirent, une lutte qui ne verra même pas de répit à l’indépendance du pays. En livre de poche, presque 700 pages, plein de termes en langue locale, un style fluide, si poétique et si cruel à la fois pour décrire toute l’ambiance africaine. (extrait de Babelio, présenté par Odette)
Michel Bussi / Mon cœur a déménagé
Dès les premières pages de ce dix-neuvième roman de Michel Bussi, le lecteur sent bien qu’un terrible drame s’annonce dans la banlieue de Rouen. Du haut de ses sept ans, la petite Ophélie assiste à la scène, pourtant habituelle car ce n’est pas la première fois que son père, alcoolique et violent, rentre complètement bourré. Sauf que cette fois, sa mère, craignant pour sa vie, téléphone en panique à Richard Vidame, le suppliant de venir les aider. L’assistant social a cependant mieux à faire que de venir aider cette famille qu’il a sous tutelle, abandonnant la mère à son triste sort. Cette dernière, qui aura finalement tenté de fuir le danger en quittant l’appartement, sera retrouvée morte en dehors de l’immeuble. Le père, qui ne se souvient pas grand-chose, finira en prison. Placée dans un foyer, Ophélie n’aura plus qu’un seul but dans la vie : retrouver les témoins qui ont assisté au drame et se venger de cet assistant social qui a refusé de les aider ! Situant l’intrigue dans sa Normandie natale, l’auteur nous invite donc à suivre la quête vengeresse d’Ophélie sur une période de plus de quinze ans. Au fil des chapitres, l’enfant placée en foyer évolue, devient collégienne, puis lycéenne, très calculatrice et de plus en plus rebelle, mais avec une constante : un besoin de vengeance obsessionnel nourri par une haine qui ne s’atténue pas au fil des ans. La vengeance est un plat qui se mange froid… Afin de compenser la noirceur des sentiments de son héroïne, l’auteur parsème son parcours de belles personnes auxquelles le lecteur n’a aucun mal à s’attacher. de son amie d’enfance Nina à cette éducatrice prénommée Béné, qui ne la lâchera jamais, Ophélie parvient progressivement à se créer une petite famille bien sympathique, mais sans pour autant perdre son unique objectif de vue : se venger de Richard Vidame, même si ce dernier semble être devenu intouchable au fil des années ! Aux manettes de cette quête de justice obsessionnelle, Michel Bussi maîtrise à merveille toutes les ficelles du métier pour tenir ses lecteurs en haleine, de la première page jusqu’au twist final. Multipliant les chapitres courts où les protagonistes invitent à découvrir les faits sous un nouvel angle ou viennent ajouter une petite pièce au puzzle final, l’auteur enchaîne les retournements de situations avec un sens du rythme tellement maîtrisé que le lecteur ne pense même plus à s’attarder sur d’éventuelles invraisemblances, seule une chose compte : tourner les pages au plus vite afin de découvrir le fin mot de l’histoire ! La vengeance est un plat qui se mange certes froid, mais le roman se dévore tellement vite qu’il n’aura finalement pas trop le temps de refroidir ! Une nuance personnelle : juste un détail ! Une fin qui n’en finit pas de finir. A l’image d’un Beethoven, qui parfois n’arrivait pas à terminer ses symphonies, Michel Bussi n’en finit pas d’ajouter des ajouts aux ajouts finaux. Parfois un peu trop. Très modestement mon avis qui est surtout extrêmement élogieux vis à vis de cet auteur qui m’a bouleversé à de nombreuses reprises. (source Babelio, présenté par Yvan T.)
Voor het nederlands, druk een ! Pour le francais, tapez deux… / Nicole Burette
S’appuyant sur de longues recherches et de multiples témoignages, la journaliste Nicole Burette analyse la prise de pouvoir exponentielle de la Flandre sur la Belgique dans tous les domaines : politique, économique, culturel, social, régalien, diplomatique, sanitaire… Loin de se tasser, le phénomène serait plus prégnant que jamais et de plus en plus assumé, alors que les francophones n’en mesurent pas l’ampleur. Elle y exhorte ces derniers à faire preuve de lucidité, à ne pas se laisser impressionner et à se présenter exigeants à la table des négociations institutionnelles à venir. Pour restaurer un rapport de force plus équitable, elle rappelle à la Flandre qu’elle doit beaucoup de sa prospérité actuelle à son dynamisme certes, mais surtout aux investissements préférentiels dont elle bénéficie de la part de l’État fédéral depuis des décennies. Ces avantages sont abondamment détaillés. Enfin, place aux idées. Quel avenir pour la Wallonie ? Quel avenir pour la Fédération Wallonie-Bruxelles ? Comment renouer avec la prospérité et la confiance en soi ? Sur base d’entretiens à bâtons rompus avec de nombreuses personnalités belges, l’auteure développe une série de scénarios susceptibles d’inspirer les francophones de ce pays afin qu’ils abordent l’avenir et les négociations avec des idées et de la détermination. Avis personnel : à lire absolument ! (source couleur livres, présenté par Gérard)
Entre deux mondes / Olivier Norek
« Entre deux mondes » est un roman noir sur la crise des migrants ayant pour fond la jungle de Calais. Pour survivre et sauver sa famille, Adam doit fuir la Syrie. Mais ce nouveau départ pour une vie meilleure se transforme en cauchemar. Sensible, touchant et inhumainement émouvant. (présenté par Geneviève)
Nagasaki / Eric Faye
Court roman intimiste sur deux personnages qui ne se rencontrent pas vraiment. Tout commence par des disparitions, en effet, des déplacements d’objets. Shimura san vit seul dans une maison silencieuse qui fait face aux chantiers navals de Nagasaki. C’est un homme ordinaire, qui rejoint chaque matin la station météorologique de la ville en maudissant le chant des cigales, déjeune seul et rentre tôt dans une retraite qui n’a pas d’odeur, sauf celle de l’ordre et de la mesure. Depuis quelque temps déjà, il répertorie scrupuleusement les niveaux et les quantités de nourriture stockée dans chaque placard de sa cuisine. Dans ce monde contre lequel l’imprévu ne pouvait rien, un bouleversement s’est produit. (Babelio, présenté par Anne-Françoise)
L’alphabet du silence / Delphine Minoui
Coup de cœur, une très belle écriture… Pour la première fois, la journaliste franco-iranienne Delphine Minoui, récipiendaire du prix Albert Londres en 2006, a choisi le roman pour nous immerger dans la réalité d’un pays dans lequel elle réside depuis une dizaine d’années, la Turquie. Un roman qui commence avec l’arrestation d’un professeur à l’université du Bosphore, simplement pour avoir signé une pétition pour la paix (en faveur de l’arrêt des opérations militaires visant les Kurdes dans le sud-est du pays). Dès lors, son épouse, professeur de français à l’université de Galatasaray, va passer par toutes sortes d’états. Après en avoir voulu à son mari de cet engagement qui a brisé leur vie de famille et est en train de le briser lui au fond de sa geôle, en reprenant la lutte de son mari, elle reprend espoir… Ce récit est celui de la dérive d’un régime qui, de démocratie, souhaitant se rapprocher de l’Occident, s’est muée en autocratie d’un adepte du culte de la personnalité qui utilise la religion pour ses ambitions personnelles — et la violence contre ses opposants. Parmi eux, les professeurs d’université sont des cibles privilégiées, des symboles de la liberté qu’il faut faire taire par la force. Une réalité décrite avec un rare talent par Delphine Minoui qui, en dépit des errements de ce pays, semble l’aimer et nous donne envie de mieux le connaître et de l’aimer à notre tour, ainsi que ses habitants si riches d’une longue histoire. (source Babelio, présenté par Edith)
Mille petits riens / Jodi Picoult
Roman intense qui traite du racisme aux États-Unis. Sous forme de roman chorale, Jodi Picoult prête sa voix à trois protagonistes que l’on suivra tour à tour au fil des chapitres. L’action se déroule courant 2014, à New Haven dans le Connecticut, et tourne autour du décès d’un nouveau-né. C’est avec Ruth, infirmière et sage-femme depuis vingt ans, que l’histoire démarre, au moment où sa supérieure lui interdit de s’occuper d’un bébé né la nuit précédente, parce qu’elle est… noire. Les parents sont en effet des suprémacistes blancs et ne tolèrent pas qu’une « négresse » puisse toucher leur fils. C’est là qu’entre en jeu Turk, le père du nouveau-né et deuxième voix du roman, jeune homme qui « casse du négro et du pédé » sans scrupule aucun. Kennedy, quant à elle, avocate de la défense publique, sera la troisième voix, elle fera son apparition au moment où elle sera commise d’office dans l’affaire qui concerne Ruth, accusée du meurtre d’un bébé… Narration à la première personne, nous sommes propulsés dans la tête de trois personnalités différentes et vivons leur quotidien tel qu’elles le vivent elles-mêmes. Ainsi, on peut se rendre compte de comment un seul et même évènement peut être vécu et/ou perçu de manière différente selon notre niveau social, nos modes de vie, notre éducation, … notre couleur de peau. J’ai aimé la manière dont l’autrice aborde les sujets de différents points de vue, on sent là un véritable travail de documentation. D’un chapitre à un autre, on suit le déroulé de l’histoire d’un regard à chaque fois différent, selon celui d’une personne de couleur, d’un skinhead, d’une personne « lambda », ou encore de la justice. Quels que soient les thèmes évoqués, ils sont toujours minutieusement traités. Ils peuvent paraître nombreux mais se rejoignent tous autour d’un seul : le racisme, abordé selon différentes perspectives. Ainsi, il est question de discrimination et préjugés raciaux, de suprémacisme blanc et de haine raciale, de relations interraciales, mais aussi du système judiciaire et de justice sociale, de maternité, de deuil et de famille.Jodi Picoult a fait un travail de recherche remarquable, tout y est subtilement décortiqué : le contexte, les points de vue de chacun, leurs ressentis, le déroulement des événements. Les personnages, qu’on ne peut évidemment pas tous aimer, sont tous parfaitement fouillés. La plume est superbe, toute en sensibilité et délicatesse. C’est un roman puissant, profond, marquant, sombre et lumineux tout à la fois. C’est le genre de lecture qui ouvre les yeux et fait réfléchir. Le racisme existera sans aucun doute toujours (et pas uniquement aux États-Unis), qu’il soit actif ou passif, d’où l’importance de ce genre d’ouvrages, aussi fictifs soient-ils (et pourtant bien ancrés dans notre réalité). (source Babelio)
Rendez-vous à la bibliothèque lundi 14 octobre, 18 novembre, 16 décembre de 14h à 15h30.
Vous êtes bienvenu(e)s même si vous n’avez pas de livre à présenter, à bientôt et bonnes lectures !
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