Club de lecture – Lundi 12 février 2024 de 14h à 15h30
Club de lecture
Lundi 12 février de 14h à 15h30
À l’initiative d’une de nos lectrices, un club de lecture s’est formé à la bibliothèque. Il se réunit tous les mois, pour échanger pistes, idées de titres, coups de cœur, lectures d’extraits…
Compte-rendu du 15 janvier 2024
Le commandant Bill / Armel Job
Ardenne, mai 1940. Tout le hameau de Boisferté s’est réfugié dans la forêt, dans la crainte de l’invasion des troupes allemandes. Les plus anciens, en effet, se souviennent des saccages de 1914. Le matin du deuxième jour, un avion allemand tombe à proximité du campement. Il y a un rescapé. Les villageois recueillent cet homme incapable de se déplacer et l’installent dans une grange, sans se rendre compte qu’ils se sont transformés en geôliers d’un prisonnier de plus en plus encombrant. Les relations nécessaires entre geôliers et prisonniers, avec les allemands, tracent des personnages tout en nuances et l’auteur garde un suspens jusqu’à la fin, ce qui ne gâche rien. (présenté par Anne-françoise)
Pauvre folle / Chloé Delaume
Clotilde perd sa mère à dix ans et trois mois. Son père l’a tuée, elle est épargnée. Elle travaille dans l’édition et est très sensible à la poésie. Elle rencontre Guillaume, producteur de films. Une relation naît entre eux « le monstre et la reine ». Elle découvrira qu’il lui ment et y consent, malgré elle. Il est gay. Des années plus tard, il la relance par des mails sublimes. Elle espère un grand et vrai amour, s’étant dite prête à l’attendre toute sa vie. A cause du déni, elle aimera un homme qui ne l’aime pas… Ce roman traite essentiellement du pervers narcissique (PN). Très bien écrit, il a un rôle éducatif. L’auteur cite en référence, notamment : Le harcèlement moral / Paul-Claude Racamier, Marie-France Hirigoyen, 30 comportements du PN / Isabelle Nazare-Aga, La passe imaginaire / Grisélidis Réal. (présenté par Geneviève)
La liste de Kersten / François Kersaudy
Ceci n’est pas un roman, mais le fruit d’une très sérieuse recherche menée par un historien ayant enseigné à Paris et à Oxford. D’ailleurs, il y a 25 pages reprenant les références précises aux sources qui ont guidé ses recherches. Ces précisions sont utiles, tant quelquefois ce qui est raconté est proprement incroyable ! Donc, Félix Kersten, né dans les pays baltes, ayant vécu en Finlande, et ailleurs, apprend d’un moine tibétain les secrets de la médecine, et devient un remarquable thérapeute. Il finira par devenir le médecin particulier de Himmler, qui souffrait terriblement de douleurs diverses que seul Kersten parvenait à soulager, se rendant ainsi indispensable. En échange de ses services, Kersten négociait la libération de prisonniers, d’abord à petite échelle, puis de façon de plus en plus importante, s’attirant ainsi la haine de certains hauts dignitaires nazis. Il a fait libérer tant des opposants politiques que des témoins de Jéhovah, des Juifs… Vers la fin de la guerre, il arrive même à empêcher Himmler de faire sauter des digues qui auraient entraîné la destruction de La Haye, ou des camps de concentration avant qu’ils ne tombent aux mains des Alliés. Les 467 pages de cette étude – sans compter les références et les notes en fin de volume – se lisent comme un roman : c’est bien écrit, divisé en chapitres relativement courts, et passionnant de bout en bout. (présenté par Thérèse)
L’appel des Colombes / Martha Hall Kelly
Quelques années après la fin de la seconde guerre mondiale, nous faisons connaissance avec Josie et Arlette qui de retour de Ravensbrük, sont déterminées, l’une à retrouver son fils, l’autre à découvrir où se cache le docteur Snow, célèbre nazi ayant disparu au lendemain de la défaite de l’Allemagne. Je n’ai pas tout aimé : Des personnages touchants, oui, mais l’alternance du récit entre les aventures de Josie et celles d’Arlette, mais aussi entre présent et passé… c’est difficile à digérer, le rythme et les rebondissements incessants… oui bon, très américain mais de ce fait, les deux personnages principaux manquent parfois de crédibilité ! Par contre le contexte historique et la mine d’informations livrées par l’auteure sont vraiment très intéressants. Notamment le fait que des Nazis criminels de guerre aient pu échapper à la justice avec l’aide des Etats-Unis afin qu’ils aident le pays à contribuer à la recherche scientifique dans un contexte de guerre froide et de lutte anti-communiste. L’opération paperclip et les ratlines… Choquant mais véridique ! Martha Hall Kelly met également en lumière dans ce roman les kinderzimmer et les lebensborn qui étaient implantés durant la seconde guerre mondiale, lieux inhumains où les femmes étaient traitées comme du bétail et surtout où les enfants étaient considérés comme des marchandises ou des moyens de pression. Elle nous reparle aussi des expériences scientifiques qui avaient lieu sur des « cobayes » humains sous Hitler (sujet déjà abordé dans son premier roman). J’ai trouvé très intéressant de traiter du sujet des anciens nazis et du sort qui leur est réservé après guerre. On sait qu’ils sont nombreux à avoir réussi à fuir en Amérique du Sud, mais je n’avais pas vraiment conscience du poids des Etats-Unis et de la Russie, de la guerre froide en général, dans cet état de fait. Intéressant aussi de montrer que les sympathisants nazis ne se sont pas évanouis dans la nature après guerre, et que si tous les Allemands ne l’étaient pas, certains étaient réellement convaincus du bien fondé du projet nazi, même après la guerre. En parallèle, j’ai regardé le film sur la course entre Américains et Russes, à la conquête de l’espace. Plusieurs anciens Nazis y ont participé, c’est interpellant. Martha Hall Kelly s’est documentée sur le sujet. En bref, une lecture intéressante du point de vue historique, mais je reste mitigée sur la part de fiction du roman. (présenté par Odette)
Les années glorieuses / Pierre Lemaitre
La famille Pelletier. Trois histoires d’amour, un lanceur d’alerte, une adolescente égarée, deux processions, Bouddha et Confucius, un journaliste ambitieux, une mort tragique, le chat Joseph, une épouse impossible, un sale trafic, une actrice incognito, une descente aux enfers, cet imbécile de Doueiri, un accent mystérieux, la postière de Lamberghem, grosse promotion sur le linge de maison, le retour du passé, un parfum d’exotisme, une passion soudaine et irrésistible. Et quelques meurtres. Les romans de Pierre Lemaitre ont été récompensés par de nombreux prix littéraires nationaux et internationaux. Après sa remarquable fresque de l’entre-deux-guerres, il nous propose aujourd’hui une plongée mouvementée et jubilatoire dans les Trente Glorieuses. (Source Babelio) Fidèle à son image. Toujours une très belle plume. Les pages se lisent avec beaucoup de facilité, sans fatigue et avec intérêt. Mais cette fois, j’ai trouvé que la « saga » familiale prend trop le pas sur le contexte historique. Chacun des membres de cette famille mène sa vie, égoïstement, et le contexte historique disparaît derrière les caprices d’individus inintéressants. Pas certain du tout que je lirai la suite. L’autre trilogie avait beaucoup plus d’envergure. Il y avait beaucoup plus de protagonistes et le contexte était au centre. (présenté par Gérard)
Le nègre Léonard et maître Jean Mullin 1920 / Pierre Mac Orlan
Une fable fantastique mettant en scène sur un ton léger, un personnage qui, guidé par sa servante se révélant être une dévote du Malin, se rend avec elle au sabbat organisé près de chez lui. Il y rencontre le Grand Bouc, le Diable, flanqué de ses deux acolytes. Ce concentré de Mal se trouve finalement dispersé, les personnages devenus l’un une simple chèvre, les autres de vagues citoyens. Mais le Mal, lui, n’a évidemment pas disparu. Qui nierait qu’il se trouve parmi nous, et même, au cœur de chacun d’entre nous ? (présenté par David)
Penser contre soi-même / Nathan Devers
Nathan Devers a tout juste 26 ans. Il est aujourd’hui écrivain, agrégé et prof de philosophie à la fac de Bordeaux et intervient souvent en tant que commentateur de l’actualité sur les plateaux de télé. Il est le fils de Lionel Naccache, fameux neurologue et spécialiste des neurosciences cognitives. Ses parents sont tous les deux des juifs pratiquants d’origine algérienne. Son nom d’emprunt signifie « aller de(puis) vers » : un voyage dont la destination n’est pas encore connue et il a changé de nom car écrire des livres est une expérience de transformation de soi. Après une enfance marquée par un judaïsme zélé qu’il s’impose lui-même (dès sa plus jeune enfance il veut devenir rabbin), il s’en éloigne brutalement vers la fin de l’adolescence pour entamer des études de philo et c’est tout ce parcours personnel vis-à-vis de la religion, de la littérature et de la philo qu’il relate à la première personne dans ce livre qui n’est ni son premier ni son dernier. C’est déjà une autobiographie, à 26 ans ! Il est intelligent (il lit la Torah et analyse le Talmud qu’il explique à la synagogue devant 200 personnes à l’âge de 13 ans) il écrit judicieusement, son vocabulaire est touffu, emprunt de culture juive et de jargon philosophique mais néanmoins très accessible. Pour lui, la religion est une merveilleuse quête de sens. Même sans dogmes (comme la religion catholique), la religion juive reste néanmoins une quête close renfermée sur un petit paquet de certitudes qu’elle ne veut pas remettre en question et c’est ce petit paquet que la philosophie se doit de troubler. La religion juive est ouverte et discute de tas de sujets mais elle retombe toujours sur ses pattes sans aller plus loin. La philosophie, elle, est une quête ouverte et ose donc poser plus de questions et offre une certaine liberté, la volonté de transformer son existence en voyage en choisissant une destination et en refusant une prédestination dès la naissance. Une naissance qu’aucun d’entre nous n’a choisie ou voulue. Sa rupture avec sa religion ne s’est pas opérée en un jour à un moment bien précis. C’est en dévorant la littérature, en commençant par Saint-Exupéry qu’il est arrivé à la philosophie. Et s’il pense que la religion et la philosophie peuvent être compatibles mais dans son cas, l’acte de philosopher est un acte radical qui remet tout en question y compris l’existence de Dieu et la religion. Perdre la foi a été une expérience très douloureuse mais en même temps libératrice quand il a accepté ce deuil. Il a dû faire un choix. La religion est donc une merveilleuse quête de sens mais qui reste porte close. La philosophie est une quête de sens qui laisse la porte ouverte. La philosophie c’est une façon d’échapper aux certitudes, aux carcans, aux dogmes. Et enfin, penser contre soi-même c’est s’ouvrir à l’altérité, changer d’avis, avoir un rapport interrogatif au réel et vouloir bousculer ses certitudes. (présenté par Rosaria)
Une soif de livres et de liberté / Janet Skeslien Charles
Janet Skeslien Charles est originaire du Montana et s’est installée à Paris en 1999, où elle a travaillé pour la bibliothèque américaine. Elle a vécu deux ans à Odessa, en Ukraine, où elle a enseigné l’anglais dans le cadre d’un programme de la fondation Soros. Cette expérience lui a inspiré un premier roman mordant, Les Fiancées d’Odessa, déjà publié dans une douzaine de langues. Pour ce deuxième roman, Une soif de livres et de liberté, elle s’est intéressée à l’histoire de la bibliothèque américaine de Paris où elle occupe le poste de directrice de la programmation. La fiction s’appuie sur ses connaissances de l’American Library à Paris, et s’inspire de l’histoire vraie et du rôle joué par Dorothy Reeder et Hilda Frikart, deux membres du personnel de la bibliothèque pendant la Seconde Guerre mondiale. Résumé : Odile Souchet, vingt ans à peine, s’épanouit dans son travail à la Bibliothèque américaine de Paris, où elle côtoie la fameuse directrice Dorothy Reeder. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, la jeune femme risque de tout perdre, y compris sa chère Bibliothèque. Alors que les nazis envahissent Paris, Odile et ses amis s’engagent dans la Résistance avec leurs propres armes: les livres. Inspiré de la vie de ces amoureux des mots qui ont pris le risque d’aider leurs lecteurs juifs, Une soif de livres et de liberté explore la géographie des sentiments, les conséquences de choix irréversibles et nous enseigne comment le courage peut surgir en des lieux et circonstances inattendus. Passionnant et très agréable à lire. (présenté par Edith)
Rendez-vous à la bibliothèque lundi 12/02, 11/03, 15/04, 13/05, 10/06 de 14h à 15h30.
Vous êtes bienvenu(e)s même si vous n’avez pas de livre à présenter, à bientôt et bonnes lectures !
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