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Club de lecture – Lundi 15 janvier 2024 de 14h à 15h30

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Club de lecture

Lundi 15 janvier de 14h à 15h30

À l’initiative d’une de nos lectrices, un club de lecture s’est formé à la bibliothèque. Il se réunit tous les mois, pour échanger pistes, idées de titres, coups de cœur, lectures d’extraits…

Compte-rendu du 11 décembre 2023

Mapuche / Caryl Férey
Jana est Mapuche, fille d’un peuple indigène longtemps tiré à vue dans la pampa argentine. Rescapée de la crise financière de 2001-2002, aujourd’hui sculptrice, Jana vit seule à Buenos Aires et, à vingt-huit ans, estime ne plus rien devoir à personne. Rubén Calderon aussi est un rescapé, un des rares «subversifs » à être sorti vivant des geôles clandestines de l’École de Mécanique de la Marine, où ont péri son père et sa jeune sœur, durant la dictature militaire. Trente ans ont passé depuis le retour de la démocratie. Détective pour le compte des Mères de la Place de Mai, Rubén recherche toujours les enfants de disparus adoptés lors de la dictature, et leurs tortionnaires… Rien, a priori, ne devait réunir Jana et Rubén, que tout sépare. Puis un cadavre est retrouvé dans le port de La Boca, celui d’un travesti, Luz, qui tapinait sur les docks avec Paula, la seule amie de la sculptrice. De son côté, Rubén enquête au sujet de la disparition d’une photographe, Maria Victoria Campallo, la fille d’un des hommes d’affaires les plus influents du pays. Malgré la politique des Droits de l’Homme appliquée depuis dix ans, les spectres des bourreaux rôdent toujours en Argentine. Eux et l’ombre des carabiniers qui ont expulsé la communauté de Jana de leurs terres ancestrales… Commentaire : Il y est question d’Argentine, de dictature, d’enlèvements et d’assassinats arbitraires, de grands-mères qui veulent savoir que sont devenus les maris et enfants disparus. Avec deux personnages formidables qui vous hanteront longtemps : Jana la mapuche et Ruben Calderon le détective. Caryl Férey frappe un grand coup, son livre vous happe dès les premières pages, une plongée dans les arcanes du mal qu’il déroule avec une puissance narratrice tout simplement dévastatrice. Une plongée effarante au cœur de la barbarie humaine (une de plus). Jana et Rubén sont des personnages inoubliables. Impossible de le lâcher, les bouffées d’angoisse et d’adrénaline vous secouent durablement. Pas de répit, une course contre la mort maîtrisée de bout en bout. Comme le dit Adolfo Esquivel, prix Nobel de la paix « Les gouvernements changent, mais le système, toujours aussi pervers, continue à privilégier le capital financier plutôt que le capital humain. Ce système condamne aujourd’hui plus de dix millions d’Argentins, des hommes, des femmes, des jeunes, des personnes âgées et des enfants, à vivre dans la pauvreté et l’indigence. » Source : Babelio. (présenté par Gérard)

Les naufragés du Wager / David Grann
Autant oeuvre littéraire que roman d’histoire et d’aventures, ce brillant récit de non fiction s’empare de l’épopée d’un navire de guerre britannique, le Wager, qui s’est échoué en pleine tempête sur des rochers en mai 1741, au large de la Patagonie, juste après le passage du Cap Horn. L’excellent prologue en résume les très grandes lignes : naufrage, survie des 145 rescapés sur une île inhospitalière, leurs affrontements en plusieurs factions, le retour de quelques-uns au Royaume-Uni, le procès en cour martiale pour déterminer les responsabilités. La bibliographie finale impressionne par sa longueur et sa richesse, des années à passer au peigne fin tous les documents de première main archivés : journaux de bord, correspondances, journaux personnels et récits contradictoires des protagonistes, dépositions devant la cour martiale navale, rapports de l’Amirauté, articles de presse, dont les extraits entrecoupent pertinemment le récit. Grâce à des descriptions précises et saisissantes, le lecteur est progressivement et totalement immergé dans les épreuves physiques surmontées par les rescapés du Wager : les tempêtes qui se déchaînent régulièrement, les ravages du typhus et du scorbut à bord, l’horreur du naufrage puis de la famine une fois échoués sur leur île de fortune. C’est d’un réalisme cru et terrifiant, bien loin du romantisme qui accompagne souvent l’évocation de la vie de marin. L’enfer vécu par les survivants se lit en frémissant devant les horreurs qu’ils ont endurées. N’importe qui ferait n’importe quoi pour survivre, prêt à renverser toutes les règles de la morale. Dans ce récit serré et implacable, David Grann ne porte aucun jugement sur les actions qu’il raconte, et excelle à décrire les épreuves qui révèlent l’animal humain poussé à l’extrême : violence, anarchie, orgueil, lâcheté, dépravations mais aussi ingéniosité, fraternité et volonté se déploient dans ce microcosme insulaire. Toute la dernière partie du livre est consacrée au procès devant la cour martiale des quelques rescapés qui ont pu rentrer en Grande-Bretagne. L’auteur ne cherche jamais à polir les mystères du naufrage et de la survie sur l’île, humblement conscient qu’on ne connaîtra jamais la vérité absolue tant les versions des survivants ont été contradictoires. Cela n’empêche pas de lire ce récit comme un thriller avec des rebondissements incroyables. David Grann propose alors une belle réflexion sur le sens des récits qui s’imposent et peuvent manipuler. Ce ne sont pas seulement les marins du Wager qui ont été jugés mais l’idée même, orgueilleuse, d’empire colonial. Source : Kirzy de Babelio. (présenté par Gérard)

Le monde d’hier : souvenirs d’un européen / Stefan Zweig
1881 naissance à Vienne, capitale fastueuse d’un empire multiculturel. 1942 suicide à Petrópolis (Brésil) par désespoir. Son titre dit tout : la disparition de son monde , de ses espoirs. Et ses désillusions. Il s’agit partiellement de la biographie de l’auteur, avec à chaque étape de sa vie, la description des lieux, son ambiance, et surtout ses rencontres, ses amis, les hommes qui ont fait l’actualité, et quelle actualité entre ces deux dates! dont il trace de très intéressants portraits. Et pour notre histoire belge, ses liens avec notre pays et ses artistes. Tout cela dans sa langue apparemment si simple. Un livre qui vaut lecture et méditation. (présenté par David)

La rivale / Eric-Emmanuel Schmitt
Un jeune guide visitant la Scala de Milan y découvre une très vieille personne qui se prétend être une grande cantatrice qui n’a pas eu la carrière qu’elle méritait. La cause de tous ses maux, c’est la Callas, qu’elle accuse à la fois d’être une cantatrice médiocre, une arriviste, une jalouse qui a comploté pour ruiner sa carrière. Ce roman pourrait être une tragédie, il n’en est rien, au contraire, c’est drôle de bout en bout, tant le personnage de cette cantatrice ratée est caricatural, immoral et ridicule. En même temps , pitoyable dans son refus du temps qui passe et de l’inexorable vieillesse et de ses ravages. Et puis, il y a le bonheur de l’écriture, fluide, légère, précise et poétique de Schmitt, et de sa parfaite connaissance de l’opéra, sans affectation.. A plus d’une reprise, j’ai arrêté ma lecture pour écouter les airs d ‘opéra qu’il évoque, chantés par la Divine Callas. (présenté par Thérèse)

À fleur de peau / Jodi Picoult
Encore un gros coup de cœur, comme tous les romans de cette auteure. Jacob, 18 ans, est atteint du syndrome d’Asperger et se passionne pour les enquêtes criminelles. Quand Jess, la jeune fille qui lui donnait des cours de socialisation, est retrouvée morte, tous les indices convergent vers l’adolescent. Lorsqu’il est accusé de meurtre, sa famille se décompose. Sa mère, divorcée et dans une situation précaire, trouve à peine de quoi embaucher un avocat débutant. Théo, son frère cadet, fugue pour demander de l’aide à un père absent, accaparé par sa nouvelle famille. Jacob, quant à lui, impassible, regarde à la télé jour après jour sa série policière préférée, ignorant l’implacable machine qui s’est mise en branle autour de lui.Plus le procès avance, plus Théo semble prendre les événements à cœur. Alors que tout le monde est convaincu que Jacob a tué Jess, seul Théo continue à clamer l’innocence de son frère. Mais pourquoi est-il aussi désespéré ? Et pourquoi Jacob ne lui dit-il rien de ce qu’il semble savoir ? Comment l’amener à parler, lui qui s’enferme si facilement dans son monde ? Face à un système judiciaire inadapté à son cas, Jacob risque le pire. Comme souvent dans les romans de Picoult, chaque chapitre est raconté par un des personnages. Il est d’ailleurs fascinant de lire les chapitres narrés par Jacob … cela nous ouvre la porte pour comprendre le syndrome d’Asperger. “Que les personnages soient bons ou mauvais, qu’ils soient bourreaux ou victimes, l’auteure sait nous pousser à la réflexion et au questionnement sans rentrer dans le jugement. C’est une des principales raisons pour laquelle j’aime beaucoup cette auteure. Ici, le petit plus est sans doute la remise en question de l’égalité face à un délit. Sommes-nous tous égaux devant la justice ? Certains peuvent-ils bénéficier de conditions adaptées en fonction de leurs particularités psychologiques ? « Le cœur humain est pareil à une étagère. On peut y entasser beaucoup de choses, jusqu’au moment où tout dégringole et se casse en mille morceaux. » (Jodi Picoult) Extraits : Babelio. (présenté par Edith)

Les demoiselles / Anne-Gaëlle Huon
En 1923, depuis Fago en Espagne, des Hirondelles partent vers la France. Les Hirondelles, c’est comme cela qu’on appelle ces femmes qui traversent la frontière en Automne pour revenir au Printemps, en risquant la mort sur les sentiers escarpés des Pyrénées. Comme la plupart, Rosa et Alma, deux sœurs, vont faire le voyage, pour tenter de se faire un peu d’argent et pouvoir ainsi soigner leur grand-mère qui est malade. Cet argent, elles devront le gagner en travaillant comme couseuses dans une usine d’espadrille du Pays Basque. Là bas, Rosa fera la rencontre de femmes libres, éduquées et fantasques: les demoiselles. L’histoire de ce roman mêle des personnages et des événements qui ont effectivement existé avec les protagonistes fictifs d’Anne-Gaëlle Huon, qui s’amuse à mélanger leurs histoires respectives. C’est assez amusant. Ce qui démarre comme l’histoire de deux jeunes filles espagnoles en quête d’une situation moins difficile et d’un peu d’argent pour vivre décemment se transforme progressivement en une espèce de saga familiale ou amicale. Il est également prenant du fait de ces destins de femmes, parfois brisés par les nécessités de la vie et la place de la femme à l’époque du récit. Extraits pris sur Babelio. (présenté par Odette)

Madame Hayat / Ahmet Altan
Prix Femina étranger 2021. C’est un livre qui a été entièrement rédigé en prison car Altan a été incarcéré pendant plus de quatre ans en Turquie, accusé d’avoir appelé à renverser le pouvoir lors du coup d’État en 2016 alors qu’il était rédacteur en chef d’un quotidien. Il est libéré en 2021. Il est très connu pour ses engagements en faveur de la démocratie. C’est l’histoire de Fasil, un jeune étudiant en littérature et lettres qui est devenu boursier et pauvre après la mort de son père, un riche agriculteur d’un seul produit, qui a tout perdu. Parallèlement à ses études, il obtient un petit boulot de figurant pour une émission de variétés à la télé. C’est là, lors d’un tournage, qu’il rencontre Madame Hayat (= la vie en turc), une femme d’une cinquantaine d’années qui pourrait être sa mère. Il en tombe éperdument amoureux. Elle ne lit pas et ne regarde que des documentaires à la télé dont elle tire plein de leçons de vie. C’est une femme libre sans passé et sans futur qui vit pleinement le moment présent. « Elle est d’une désinvolture comique et souveraine (…) Elle était la personne la plus extraordinaire, la plus fascinante que j’ai rencontrée dans la vie. » dira-t-il d’elle. Il est subjugué par cette femme d’âge mûr, légère, généreuse, secrète. Elle l’initie aux plaisirs de la vie et changera sa conception de la vie avec authenticité, simplicité et sensualité. Alors que tout les oppose, ils seront liés corps et âme. Il est passionné de littérature, elle a l’intelligence de la vie. Après la rencontre avec Madame Hayat au studio de télé, il fait également la connaissance de Sila, une jeune fille de son âge. Comme lui, elle est étudiante en littérature et lettres et comme lui, son père a perdu toute sa richesse et est poursuivi par l’état sans raison… Double bonheur, double initiation, double regard sur la magie d’une vie pour Fasil qui essaie de fuir ses propres démons et ceux que lui impose une dictature qu’il ne veut pas admettre et qui le rend de plus en plus engagé. C’est une analyse tout en finesse du (double) sentiment amoureux et un sublime hommage à la liberté en général mais surtout à la liberté de penser, à la femme et à la littérature, celle qui nourrit et sauve l’esprit et la vie et parvient à rendre libre. Contient de belles réflexions sur la vie, le hasard et les clichés, la liberté toujours la liberté et enfin le manque, ce sentiment ressenti tant de fois par Fasil. (présenté par Rosaria)

Le cerf-volant / Laetitia Colombani
Léna et François, deux enseignants qui exercent en France. C’est l’histoire de Léna qu’on retrouve sur le tarmac de l’aéroport de Chennai en Inde. L’Inde, voyage qu’elle projetait de faire avec François. Elle s’installe dans une guest-house. Chaque matin, elle prend l’habitude de se baigner. Ce jour-là, le courant de l’océan est puissant, elle manque de se noyer et sera sauvée par une fillette qui jouait sur la plage avec un cerf-volant. Léna est hospitalisée. Rétablie, elle souhaite retrouver l’enfant pour la remercier. gée de 10 ans, la fillette travaille dans un restaurant et ne sait ni lire ni écrire. Léna fondera une école pour tous les enfants du quartier qui en sont privés. En Inde, encore aujourd’hui – poids des traditions, mariages forcés, éducation des filles – sujets abordés dans le livre. (présenté par Michèle)

Anatolia Rhapsody / Kenan Görgün
L’auteur est « turc de 2e génération » né à Gand en 1977, francophone. Son père est venu du fin fond de la Turquie avec l’immigration de travail vers 1960. Le fils, belge pour sûr, est un auteur et réalisateur reconnu. Le livre est un témoignage rare (en français parfait..) ,car sans intermédiaire, sans filtre, de l’itinéraire, des pensées et du vécu de ces « travailleurs ». (On se souvient de la phrase de Max Frisch : « Ils voulaient des bras, ce sont des hommes qui sont venus. ») Il raconte aussi son propre vécu et ressenti, un peu entre deux chaises, ce qui est souvent le lot, ou le fardeau, parfois la richesse, de ceux qui se rattachent à deux cultures, sinon à une « double allégeance ». (présenté par David)

Rendez-vous à la bibliothèque lundi 15/01, 12/02, 11/03, 15/04, 13/05, 10/06 de 14h à 15h30.

Vous êtes bienvenu(e)s même si vous n’avez pas de livre à présenter, à bientôt et bonnes lectures !

Anne-Françoise et Edith


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