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Club de lecture – Lundi 16 décembre 2024 de 14h à 15h30

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Club de lecture

Lundi 16 décembre de 14h à 15h30

Le club de lecture se réunit tous les mois pour échanger des suggestions de lectures, des compte-rendus, des coups de cœur et des lectures d’extraits…

Compte-rendu du 18 novembre 2024

Le silence / Dennis Lehane
Eté 1974, South Boston, quartier blanc de la classe ouvrière irlandaise. Pour mettre fin à la ségrégation raciale dans les écoles publiques, un juge fédéral a décidé d’instaurer le busing, c’est-à-dire le transport par bus d’enfants des quartiers blancs vers des écoles à majorité noire (et vice versa). South Boston est un des premiers quartiers où cette pratique doit être mise en œuvre, ce qui provoque la fureur des habitants. Une grande manifestation se prépare et les tensions raciales transforment le quartier en une véritable poudrière. Mary Pat Fennessy est une femme divorcée qui vit seule avec Jules, sa fille de 17 ans. Celle-ci est tout ce qui lui reste après que son fils soit mort d’une overdose peu après son retour du Vietnam. Jules fait partie des élèves qui seront transférés vers une école à majorité noire à la rentrée. Un soir, après une sortie entre amis, elle ne rentre pas. La même nuit, le cadavre d’un jeune Noir est découvert le long des rails du métro. Qu’est-il arrivé à Jules ? Sa disparition est-elle liée à la mort du jeune Noir ? Comme l’enquête officielle n’avance pas, Mary Pat décide de se lancer elle-même sur les traces de sa fille. Mais, alors qu’elle était convaincue de faire partie d’une communauté soudée et que les Irlandais de South Boston pouvaient toujours compter les uns sur les autres, personne ne l’aide. Partout, elle se heurte au silence, une véritable omerta orchestrée par le parrain du quartier. Animée par la rage et le désespoir, elle ne reculera devant rien pour savoir ce qui est arrivé à sa fille, n’hésitant pas à affronter les personnages les plus dangereux et à courir tous les risques. Au départ, Mary Pat n’est pas un personnage particulièrement sympathique. C’est une dure à cuire, qui ne se laisse pas faire et n’hésite pas à se servir de ses poings ou de son couteau pour faire valoir son point de vue, et qui partage les préjugés racistes de son époque et de son quartier. Petit à petit, elle va commencer à remettre en cause toutes ses certitudes. Le Silence est un roman bouleversant, addictif, et magnifiquement écrit, qui montre la face sombre de l’Amérique et le racisme omniprésent et dresse un portrait de femme inoubliable. (présenté par Martine)

Shutter Island / Denis Lehane
Adapté au cinéma par Martin Scorsese avec Leonardo di Caprio dans le rôle principal. Shutter Island est un îlot au large de Boston où se trouve un hôpital psychiatrique semblable à une forteresse, dont les pensionnaires atteints de troubles mentaux graves ont tous commis des crimes abominables. Un matin de septembre 1954, le marshall Teddy Daniels et son nouvel équipier Chuck Aule débarquent sur l’île pour enquêter sur la mystérieuse disparition d’une patiente. Dès leur arrivée, les deux policiers ressentent l’étrange atmosphère qui règne dans ce lieu clos et, très vite, ils ont l’impression que les médecins qui dirigent l’hôpital ne leur disent pas tout et qu’ils ne peuvent pas leur faire confiance. Peu après leur arrivée, une tempête survient et l’île se trouve coupée du monde. Les deux policiers vont devoir ruser pour découvrir tout ce qu’on leur cache. Ensuite, on apprend que Teddy a perdu sa femme dans un incendie criminel et que le pyromane responsable de cet incendie serait interné sur l’île. Teddy est-il venu sur l’île pour enquêter ou pour se venger ? Le mystère ne cesse de s’épaissir et l’atmosphère devient de plus en plus angoissante, jusqu’à la révélation finale, littéralement renversante ! (présenté par Martine)

Mille soleils splendides / Khaled Hosseini
Ce roman se déroule en Afghanistan, des années 60 jusqu’en 2007, année de sa publication. Il met en scène deux jeunes filles, qui n’auront en commun que le partage du même mari, Rachid, inculte et violent. La première, Myriam, est une enfant illégitime qui sera donnée en mariage à Rachid après la mort de sa mère, pour ne pas flétrir l’honneur de la famille légitime de son père. La deuxième, Laila, acceptera d’épouser Rachid après avoir appris la mort du garçon qu’elle aime et dont elle est enceinte. Mais l’intérêt de ce roman est qu’il se déroule sur fond de l’histoire mouvementée de l’Afghanistan, successivement occupé par les troupes soviétiques, puis livré aux différentes factions afghanes qui s’opposent, entre autres les Moudjahidins du commandant Massoud et des Talibans, puis, après les attentats du 11 septembre, par les américains. Le livre se termine sur une note positive, l’Afghanistan semblant retrouver la paix et s’ouvrir à la modernité. Malheureusement, nous, lecteurs de 2024, savons qu’après le départ des Américains, les Talibans ont repris le pouvoir et, au mépris des promesses et des accords signés, ont réintroduit un régime rétrograde, violent et réduisant le sort des femmes à celui d’esclaves, sans parler du retour à une ignorance effarante. (présenté par Thérèse)

Neige / Orhan Pamuk
Ce gros roman (625 pages en Poche) est une fiction qui se passe pour sa majeure partie en Turquie, mais aussi en Allemagne. La fiction se déroule sur plusieurs années et il neige pratiquement tout le temps, du début à la fin du roman… d’où son titre. Histoire d’un jeune journaliste et poète en exil en Allemagne. Pour le compte d’un journal d’Istanbul, il part enquêter et écrire des articles dans une petite ville d’Anatolie. Cette cité est le lieu de plusieurs suicides de jeunes filles portant le foulard. De plus, la ville est en effervescence vu la proximité d’élections. Notre héros est très heureux du travail accepté car il est originaire de cette ville et y a laissé un amour de jeunesse qu’il espère retrouver et qui sait, revenir avec elle en Allemagne. Le roman superpose plusieurs plans. Il y a des aspects de l’Histoire et de la Culture turque, l’enquête du journaliste, sa quête amoureuse et la Muse poétique qui entraîne le poète dans l’écriture d’une œuvre. Le tout parsemé de flocons de neige au fil des pages. Je n’ai pas profité de tous les aspects de ce roman. J’ai négligé l’arrière-plan d’histoire et culture turques (que de nombreuses explications en bas de page éclairent). Nul doute qu’un lecteur au fait de l’identité turque appréciera encore plus que moi ce roman. Ce qui m’a séduit, c’est de suivre à travers un tas d’événements parfois dramatiques un poète qui traverse cette histoire, accompagné de sa Muse qui l’amène à construire et structurer une œuvre poétique. (présenté par Éric)

La bascule du souffle / Herta Muller
Nous sommes en Roumanie, en janvier 1945 : la population germanophone de Transylvanie vit dans la peur de la déportation. Cette mesure vise une population soupçonnée d’avoir soutenu l’Allemagne nazie pendant la guerre. Léopold, 17 ans, sait qu’il est sur la liste. Il prépare sa petite valise. Il reçoit, lors de son départ, les mots de sa grand-mère : « Je sais que tu reviendras ». L’usine de charbon, la tuilerie, la cimenterie, des baraquements élémentaires, rations de pain et soupe, les diarrhées et les poux seront le quotidien de Léopold pendant cinq ans. Chronique terrifiante de ces années de froid, de faim et de découragement qui tuent dans un camp de travail en Russie. Le camp devient un conte cruel, une fable sur la condition humaine. (présenté par Geneviève)

J’étais là avant / Katherine Pancol
Elle est libre. Elle offre son corps sans façons. Et pourtant, à chaque histoire d’amour, elle s’affole et s’enfuit toujours la première. Il est ardent, entier, généreux. Mais les femmes qu’il célèbre s’étiolent les unes après les autres. Ces deux-là vont s’aimer. Il y a des jours, il y a des nuits. Le bonheur suffocant. Le plaisir. Le doute. L’attente. Mais en eux, invisibles et pesantes, des ombres se lèvent et murmurent : « J’étais là avant ». Des mères qui les ont aimés ou trahis, qui ont rêvé, souffert, espéré. Des mères qui vivent encore en eux et les empêchent d’aimer. On n’est jamais tout seul dans une histoire d’amour. On est tous les autres, et toutes les autres qui ont aimé avant nous. J’étais là avant est le roman d’une femme qui se libère de ses démons. Qui nous libère de nos démons… Au début, dans J’étais là avant, Katherine Pancol nous confronte à une narration assez désorganisée qui rend la lecture un peu fastidieuse et nous donne la sensation de tourner en rond. Les deux personnages principaux, névrosés, agacent et irritent mais tout se met en place au fur et à mesure de sa réflexion. (présenté par Odette)

Le paquebot / Pierre Assouline
Février 1932. Jacques-Marie Bauer, libraire spécialisé en ouvrages de bibliophilie, s’embarque à Marseille sur le Georges Philippar, un paquebot flambant neuf en route vers le Japon. Nouant des liens avec les autres passagers : le commandant Pressagny et sa petite-fille, l’assureur Hercule Martin, le pianiste russe Sokolowski, ou encore la séduisante Anaïs Modet-Delacourt. Il demeure mystérieux sur le motif de son voyage. Lorsque entrent en scène des Allemands, des camps ennemis se forment au sein de cette petite société cosmopolite : l’ascension d’Hitler divise l’assemblée. Aux sombres rumeurs du monde fait écho, sur le bateau, une suite d’avaries techniques inquiétantes… À travers l’histoire épique et dramatique de cette croisière pendant laquelle le grand reporter Albert Londres trouva la mort, c’est le naufrage de l’Europe que Pierre Assouline retrace en un tableau saisissant. (présenté par Rosaria)

Tenir debout / Melissa Da Costa
Un acteur célèbre survit, paraplégique, après un accident de moto, au moment où il conclut un divorce pour vivre avec une jeune femme qui a 20 ans de moins que lui. Pour lui, qui était flamboyant, acclamé sur scène, bien vivant, séduisant, fou amoureux, c’est le drame absolu, la colère, le chaos psychologique, les envies suicidaires… Pour elle, qui était insouciante et gaie, qui s’installait officiellement avec cet homme idéal, c’est la dure réalité de devoir tout assumer : le déménagement, les visites à l’hôpital après une pénible journée de boulot, l’inquiétude de le retrouver en pleine révolte, le regard des autres qui pensent qu’elle n’est qu’une passade… Comme elle ne peut plus partager la frivolité de ses copines, elle sombre dans la solitude et trouve une bulle de réconfort dans l’écriture (!), alors que lui peut, petit à petit, recréer quelques liens sociaux dans son centre de revalidation. Comment aimer sans se sacrifier ? Comment survivre sans se perdre ? Comment se réinventer une vie sexuelle ? Quel sens donner à un projet d’enfant ? Comment ne pas se déchirer et s’aimer malgré tout ? C’est un roman intimiste, où l’on entre dans les douleurs, les disputes, la tendresse, les silences, les doutes de ce couple foudroyé. Comme le récit est bien construit et que le vécu de chacun est relaté tour à tour, l’empathie et suspense m’ont tenue en haleine. J’ai trouvé l’écriture efficace, le ton juste, la psychologie des personnages bien étudiée, sans mièvrerie. J’ai dévoré… même si j’ai trouvé « Tout le bleu du ciel » plus délicat et plus subtil. Mais âmes sensibles s’abstenir ! (présenté par Anne)

Purge / Sofi Oksanen
Il s’agit d’un roman ayant comme toile de fond l’histoire mouvementée de l’Estonie (passant de l’indépendance aux occupations russe, allemande puis à nouveau russe, avant de retrouver l’indépendance en 1992 ). Allide est une vieille femme qui vit terrée dans une ferme isolée. Elle a peur : de quoi ? Sa solitude est brisée lorsqu’elle découvre dans son jardin une jeune femme russe, prostituée en fuite, apeurée. Les deux femmes s’observent, ont peur l’une de l’autre puis finissent par s’apprivoiser. Cette peur est bien décrite, vraiment palpable. C’est le début d’un roman parlant de résistance, de déportation, de trahison, de compromission pour assurer sa sécurité. Il s’agit d’un roman d’abord difficile mais qui se révèle passionnant. (présenté par Fabienne)

Allah n’a rien à faire dans ma classe / Laurence D’Hondt et Jean-Pierre Martin
Il s’agit d’un sujet sensible qui est complètement tabou à Bruxelles en 2024. Le livre alterne des témoignages d’enseignants (dont certains sont musulmans) qui exercent essentiellement à Bruxelles, avec des chapitres sur les enjeux de la laïcité, l’entrisme des Frères Musulmans et la position des pouvoirs organisateurs. L’Islam radical est de plus en plus influent au sein des écoles. Les témoignages sont très perturbants : certains enseignements sont contestés en histoire, en sciences ou en littérature. Face à la multiplication des intimidations et des menaces les profs se censurent. Les cours de natation, les sorties scolaires posent aussi problème. Cet ouvrage est un cri d’alarme. Comment en est-on arrivé là ? Aveuglement ? Lâcheté ? Déni ? L’école en tant que sanctuaire où on apprend l’esprit critique, l’écoute, la tolérance vis-à-vis des opinions d’autrui est menacée. À lire d’urgence. (présenté par Fabienne)

Impact / Olivier Norek
Virgil Solal et sa femme Laura ont perdu leur petite fille dès sa naissance en raison, semble-t-il, d’une maladie des poumons due à la pollution. Il va chercher à venger sa fille et, par tous les moyens, y compris les plus violents, à contraindre les pollueurs à adopter vraiment la transition écologique. Il ne s’agit pas d’un polar ou d’un thriller. Oui, il y a une enquête policière mais elle n’est pas le fil rouge. Oui, il y a des policiers mais ils ne sont pas les personnages principaux. Oui, il y a un « méchant » mais qui ne l’est pas vraiment. Certains parlent d’une tribune à l’écologie, d’un texte à charge contre les pollueurs. Ne nous voilons pas la face, lorsque l’Homme disparaitra, la Terre pourra enfin retrouver sa santé d’avant. Et je peux comprendre son impatience. Un Norek qui sort de l’ordinaire mais qui, pour ma part, ne m’a pas déçu. L’auteur est remonté comme un coucou, il est en colère contre lui-même, contre nous, contre une partie de l’humanité qui par ignorance, par bêtise, par paresse ou pire pare cupidité, a laissé faire un désastre écologique dont on voit actuellement la partie émergée de l’iceberg. Toujours très bien documenté, mêlant fiction et réalité avec brio, Norek m’a encore séduit et, à sa manière, s’il peut contribuer à une prise de conscience, c’est déjà énorme, en tous les cas, s’il fallait convaincre encore certains, en lisant ce livre, on ne pourra plus dire que l’on ne savait pas… (présenté par Gérard)

Ce grand silence des prêtres / Jean Kamp
Jean Kamp est un prêtre catholique, enseignant et théologien belge, né près d’Anvers en 1924. Il est décédé d’un accident de la route le 5 novembre 2010. Il a fait ses études de philosophie et théologie au Grand Séminaire de Malines de 1942 à 1948 et a été ordonné prêtre le 4 avril 1948. Il a consacré la plus grande partie de sa carrière à l’enseignement du français, du latin du grec, de la philosophie et de la religion catholique dans l’enseignement secondaire supérieur et l’enseignement supérieur de type court à Bruxelles. Arrivé à l’âge de la retraite, il a continué à animer des groupes de réflexion tout en développant un autre mode d’expression, la peinture et les arts graphiques. Il est surtout connu pour ses livres « Credo sans Foi – Foi sans Credo » (1974), « Souffrance de Dieu, vie du monde » (1970) et « Ce grand silence des prêtres » (2000). Nos églises se vident, l’Eglise aussi. Pourtant le message de Jésus reste fondamental. Plutôt que d’imputer la crise religieuse contemporaine au manque de « vertu » du peuple de Dieu, ne faudrait-il pas d’abord l’imputer à l’autorité ecclésiastique elle même ? Frappé pas l’absence – voire l’impossibilité – dans le monde catholique d’une réelle réflexion philosophique, parce qu’elle s’y trouve paralysée par une dogmatique désuète, l’auteur s’interroge sur les raisons pour lesquelles tant de gens s’éloignent du catholicisme, du moins dans nos régions. Il réfléchit sur ce qui l’a progressivement amené à prendre des distances vis-à-vis du catholicisme traditionnel et du sacerdoce institutionnel. Ce qui est ébranlé dans la tête et la vie des gens ce sont les fondements de ce qu’on leur a proposé comme religion : des histoires saintes et/ou miraculeuses ainsi que des rites qui ne vont pas sans réveiller la vieille tentation de céder aux mages et à leurs magies. Ce à quoi nous assistons actuellement est le crépuscule des religions institutionnalisées, autoritaires, doctrinaires et ritualisées. Ce qui implique peut-être la fin d’un certain sacerdoce professionnel, mais ouvre la voie à une foi davantage centrée sur des valeurs que sur des « vérités révélées ». L’avenir du christianisme est-il à ce prix ? Ce témoignage est sans pitié pour l’institution église. Il a été censuré par Mgr Suenens. Banni de l’église et réduit au silence et à l’inactivité par Mgr Léonard. La procédure a été très obscure ! J’ai eu la chance d’avoir ce Monsieur (avec un grand M) comme professeur à l’ECAM (Ecole centrale des Arts et Métiers). Je garde un excellent souvenir de lui. J’ai été sidéré de lire son livre dans lequel il dévoile le fruit de ses réflexions, et l’étalage de toutes les contradictions et l’autoritarisme de l’institution catholique. (présenté par Gérard)

Rendez-vous à la bibliothèque lundi 16 décembre de 14h à 15h30.

Vous êtes bienvenu(e)s même si vous n’avez pas de livre à présenter, à bientôt et bonnes lectures !

Anne-Françoise et Edith


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