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Club de lecture – Lundi 24 janvier 2022 de 14h à 15h30

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Club de lecture

Lundi 24 janvier de 14h à 15h30

À l’initiative d’une de nos lectrices, un club de lecture s’est formé à la Bibliothèque. Il se réunit tous les mois, pour échanger pistes, idées de titres, coups de cœur, lectures d’extraits…

Compte-rendu du 13 décembre 2021

Mohican / Eric Fottorino (présenté par Geneviève)
Brun va mourir. Il laissera bientôt ses terres à son fils Mo. Mais avant de disparaître, pour éviter la faillite et gommer son image de pollueur, il décide de couvrir ses champs de gigantesques éoliennes. Mo, lui, aime la lenteur des jours, la quiétude des herbages, les horizons préservés. Quand le chantier démarre, un déluge de ferraille et de béton s’abat sur la ferme. Mo ne supporte pas cette invasion qui défigure les paysages et bouleverse les équilibres entre les hommes, les bêtes et la nature. Dans un Jura rude et majestueux se noue le destin d’une longue lignée de paysans. Aux illusions de la modernité, Mo oppose sa quête d’enracinement. Et l’espoir d’un avenir à visage humain. Avec Mohican, Eric Fottorino mobilise toute la puissance du roman pour brosser le tableau d’un monde qui ne veut pas mourir.

Le goût de vieillir / Ghislaine de Sury (présenté par Anne-Françoise)
Voici une toute jeune auteure de quatre-vingts ans qui a décidé de prendre à bras-le-corps cette pensée, trop souvent admise, qui voudrait que vieillir soit une calamité. Avec esprit et délicatesse, Ghislaine de Sury raconte les surprises, les tâtonnements de la femme âgée qu’elle est devenue malgré elle. Commençant par se moquer tendrement d’elle-même, elle finit par s’inventer une nouvelle voie pour mieux « goûter la vie ». « En regardant le chemin parcouru ces vingt dernières années, je m’aperçois que cette période que je redoutais a été incroyablement riche de surprises, de découvertes, de transformations… et que j’en ai encore de multiples à vivre. Ce que j’appréhendais comme un déclin inéluctable, la pire période de ma vie, s’est révélé une aventure peut-être aussi étonnante que les vingt premières années de mon existence. » Ce sont toutes les rencontres qu’elle a suscitées et les anecdotes autour qui donnent ce goût de vieillir.

La femme de Gilles / Madeleine Bourdouxhe (présenté par Odette)
Nous sommes en 1937, dans un milieu ouvrier au modèle patriarcal. Elisa est amoureuse de son mari et s’investit complètement dans cet amour. Jalousie, en milieu ouvrier ? Celle d’une femme trompée par son mari avec sa propre sœur ? Pas que ça… Il y a tous les signes dont on voudrait croire qu’ils nous leurrent, mais qui sont d’une clarté douloureuse. Travail quotidien, pour tout faire comme avant : la maison, les enfants. Patience, humiliation d’une femme pour garder auprès d’elle Gilles, le seul homme qui existe pour elle, pour le consoler quand l’autre se sera détachée de lui. Amour tellement grand, désir tellement fort qu’il a tout pris de son corps et qu’il ne restera plus rien à la femme de Gilles pour être elle-même… Après tant d’abnégation, Elisa obtient enfin, mais à quel prix, une identité propre : « Gilles, l’homme d’Elisa ».

Le génie lesbien / Alice Coffin (présenté par Emma)
Une petite perle trouvée à la bibliothèque, à la fois instructive, écrite de manière lisible et plaisante, et pleine de questionnements. Alice Coffin, journaliste et figure des luttes féministes et LGBT françaises et internationales prend la plume dans cet essai personnel pour relater son expérience et partager des points de vue bien souvent tus sur la place des femmes, des lesbiennes et des minorités dans la société, la presse et la politique (ainsi que les politiques) françaises. Elle réfléchit sur la culture du « neutre » dans le journalisme, et l’actualité toujours aujourd’hui de la formule « le neutre, c’est l’homme ». L’ouvrage relate des expériences personnelles mais se base également sur les recherches qu’Alice Coffin a effectuées aux Etats-Unis avec la bourse Fullbright. Elle compare une approche et une culture du journalisme et des identités différentes. La lecture est passionnante et nous amène à nous poser des questions essentielles, qu’on soit en accord avec l’ensemble du propos ou non. Le livre n’est pas lourd comme peuvent l’être certaines recherches ou ouvrages documentaires. On en sort grandis et peut-être avec un regard différent sur l’actualité que les médias nous proposent.

Une soupe à la grenade / Marsha Mehran (présenté par Emma)
Ce roman relate l’histoire de trois sœurs iraniennes ayant fui leur terre natale à l’aube de la Révolution. À la recherche d’un havre loin des dangers de leur passé, elles posent leurs valises dans une petite ville irlandaise. Très vite les effluves de la cuisine persane qu’elles vont servir dans leur restaurant se répandent dans la ville et la communauté découvre une nouvelle cuisine et avec elle une nouvelle culture gorgée d’histoire et de patrimoine. L’histoire raconte comment les jeunes femmes se font une place dans la petite communauté irlandaise, au gré de défis et de méfiances, mais également de beaucoup de fraternité et de partage. Une belle histoire, qui rappelle le rôle de la nourriture pour rapprocher les gens et briser les barrières, et qui reflète également les combats des iraniens qui ont vécu la révolution et ont parfois dû quitter leur pays pour sauver leurs vies.

Un seul parmi les vivants / Jon Sealy (présenté par Cécile)
Il s’agit du premier roman d’un jeune auteur américain, abondamment plébiscité dans son pays. L’action se passe dans une petite ville de Caroline du Sud en 1932, donc pendant la prohibition. Le vieux shérif est appelé pour la découverte d’un corps, accident, meurtre ? La ville vit sous la « loi » d’un riche entrepreneur qui emploie une bonne partie de la population dans son usine et, bien entendu, traficote : fabrication et vente d’alcool tout à fait impunément, on se rend vite compte que la mort est liée à cette situation. Ce qui semble au début un livre un peu banal autour de la prohibition va vite s’avérer être un excellent bouquin, dense et très bien écrit. On se retrouve dans quelque chose qui évoque la tragédie grecque : le destin pèse sur cette petite communauté, rien ne pourra l’arrêter dans sa marche, l’enchaînement tragique, le coupable désigné par ceux qui ne veulent pas savoir où est le mal, la mort… Le seul à tirer son épingle du jeu est le vieux shérif honnête qui, bien qu’actif, fait penser au chœur de la tragédie antique, il constate, cherche mais ne peut se prémunir du mal qui règne dans sa ville. Le livre se termine par son retour à la maison dans la quiétude qu’il avait perdue.

Les tortues reviennent toujours / Enzo Gianmaria Napolillo (présenté par Carine)
Sur une petite île italienne, chaque été Giulia vient passer ses vacances. Et chaque été, elle y retrouve Salvatore. Au fil des années, l’amourette enfantine se mue en passion flamboyante. Le roman est alors sensuel, poétique. Mais il y a bientôt une ombre à ce tableau idyllique, et pas des moindres. Des naufragés échouent sur l’île. Des « migrants » qui portent en eux toute la détresse du monde, fracassant la bulle qui contient la merveilleuse petite île. Alors les gens se divisent, la politique entre en scène, les vrais visages se révèlent. Et Giulia et Salvatore grandissent, découvrant que le temps a la fâcheuse tendance de compliquer ce qui semblait pourtant évident. Très beau, nous dit Carine. Un livre où il y a de l’espoir.

C’est pour ton bien / Patrick Delperdange (présenté par Gérard)
Camille avait tout pour être heureuse. Une intrigue à résoudre en deux nuits blanches. Depuis quelque temps, Pierre est nerveux. De plus en plus agressif. Les discussions s’enveniment très vite, et se terminent mal. Camille ne reconnaît plus l’homme qu’elle vient d’épouser. Serait-il capable de franchir les limites de l’irréparable ? De devenir une bête sauvage ? Un jour Camille disparaît. L’étau se resserre autour de Pierre. Qui a vu ? Qui a compris trop tard ce qui arrivait ? Maëlle, sa meilleure amie aux abonnés absents ? Antoine, ce vagabond qui semble reconnaître Camille ? Son frère, si distant ? Certains secrets restés trop longtemps enfouis sont plus dangereux qu’un poison mortel. Commentaire d’une source Babelio : « Le roman commence fort : ce texte à la deuxième personne du pluriel, est-ce à nous qu’il s’adresse ? Peut-être, car, parmi nous, certaines pourraient être victimes de tels sévices. L’interlocutrice n’est pas nommée. Et nous assistons, impuissants, à une scène d’une rare violence : vous êtes là, assise sur le sol, le dos au mur, et vous ressentez la douleur lancinante qui part de votre joue et qui remonte jusqu’à votre oreille. C’est là qu’il vous a frappée. Avec son poing. Ce n’est qu’un début. La protagoniste est en état de sidération. Elle ne mesure pas vraiment la gravité de ce qui s’est produit. Elle nie la réalité : vous n’êtes pas une femme battue. Bien évidemment. Les femmes battues (…) ont le visage tuméfié, les cheveux gras, le teint gris. L’atmosphère change au chapitre suivant, puisque nous faisons la connaissance de Camille, enceinte, heureuse. A peine une demi-page. Cette loque ensanglantée, c’est elle, Camille. Cette brute inhumaine, c’est Pierre, l’homme qu’elle aime, car, jusqu’à la fin du livre, c’est ainsi qu’elle le désigne : l’homme que j’aimais. » J’ai dévoré ce roman, à mon avis très différent des autres de l’auteur qui ne m’avaient pas (trop) plu. Ce n’est que très tard qu’on découvrira le vrai sens de la couverture. Cependant, bien que je me sois laissé emporter, j’ai été déçu par la fin. D’abord parce que la situation me paraissait un peu trop semblable à celle d’Alex de Pierre Lemaître (d’ailleurs, l’héroïne porte le même prénom épicène que le commissaire Camille Verhoeven). Ensuite, parce que, lorsqu’on y réfléchit, une fois la tension et le suspense apaisés, on se rend compte qu’il y a trop d’invraisemblances.

Dans la forêt / Jean Hegland (présenté par Edith)
Écrit en 1996 et traduit en français en 2017. Résumé: En Caroline du Nord, rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, tout près de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses. Considéré depuis sa sortie comme un véritable choc littéraire aux Etats-Unis, « Dans la forêt », roman sensuel et puissant, entraîne le lecteur dans une remise en question : si notre monde s’écroule, faut-il perdre du temps à vouloir le rapetasser, à le maintenir sous respirateur artificiel au lieu de chercher à en construire un autre, plus respectueux, plus propre, moins vulnérable et arrogant, dans lequel force ne signifierait pas violence? J’ai a-do-ré malgré une fin qui m’a déconcertée. Curieuse d’avoir votre avis si vous l’avez lu.

Vivre ! dans un monde imprévisible / Frédéric Lenoir
« Il a suffi d’un virus lointain pour que le cours du monde et de nos vies soit bouleversé. Vivre, ce n’est pas attendre que l’orage passe, c’est apprendre à danser sous la pluie, disaient les Anciens. Je suis convaincu que plus rien ne sera comme avant et qu’il nous faut apprendre à développer nos ressources intérieures pour vivre le mieux possible dans un monde imprévisible. » Puisse ce livre écrit dans l’urgence du temps apporter lumière et réconfort à tous ceux qui le liront. Dans un langage accessible à tous, Frédéric Lenoir nous propose un petit manuel de résilience qui aide à vivre dans des temps difficiles. Il convoque les neurosciences et la psychologie des profondeurs, mais aussi les grands philosophes du passé – du Bouddha à Nietzsche, en passant par Epictète, Montaigne ou Spinoza – qui nous disent comment développer la joie et la sérénité malgré l’adversité. Et si nous pouvions ainsi faire de cette crise une opportunité pour changer notre regard et nos comportements ? Pour devenir davantage nous-mêmes et mieux nous relier aux autres et au monde ?

Rendez-vous à la bibliothèque les lundis 24 janvier, 21 février, 21 mars et 25 avril de 14h à 15h30.

Vous êtes les bienvenu(e)s même si vous n’avez pas de livre à présenter.
A bientôt, bonnes lectures !

Anne-Françoise et Edith


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