Club de lecture – Lundi 12 mai 2025 de 14h à 15h30
Club de lecture
Lundi 12 mai de 14h à 15h30
Le club de lecture se réunit tous les mois pour échanger des suggestions de lectures, des compte-rendus, des coups de cœur et des lectures d’extraits… Retrouvez ces livres et vérifiez leur disponibilité dans notre catalogue.
Compte-rendu du 14 avril 2025
C’est un roman policier, l’intrigue est bien menée, les soupçons s’installent, le dénouement surprend quand même. Mais ce qui fait l’intérêt, je dirais même plus le plaisir de la lecture de ce livre c’est l’humour de l’auteur, son sens de la formule et surtout la manière d’amener l’histoire. Cela se passe à Turin, ville bourgeoise, Milena est retrouvée morte dans un fossé « déguisée » en prostituée, les carabinieri sont appelés et à partir de là nous serons informés de la personnalité de Milena, de pourquoi et comment elle a subi ce sort par sept « femmes bien informées ». Elles vont parler chacune à leur tour à plusieurs reprises , toutes depuis la carabinière qui fait de l’excès de zèle jusqu’à une brave dame travaillant bénévolement dans une maison de « réhabilitation » pour prostituées en passant par la fille du banquier qui avait épousé Milena, une amie de la famille, une serveuse de bar coquine, une journaliste, toutes vont mettre leur grain de sel tout-à-fait personnel dans le récit, nous faisant découvrir des éléments nouveaux, avec humour, émotion, sérieux, hypocrisie, nous apportant par la même occasion une petite étude sociologique de la société turinoise que, semble-t-il, l’auteur connaissait bien. Et nous, lecteurs, grâce à tout ce qu’elles nous disent, nous sommes bien obligés de faire dans notre tête le travail des policiers passablement largués tout en nous régalant avec le langage de Carlo Fruttero. (présenté par Cécile)
L’été sans retour / Giuseppe Santoliquido
2005, Basilicate, région du Sud de l’Italie. Dans un village sans histoire, disparaît la jeune Chiara, 15 ans. Ce drame est raconté 15 ans plus tard par Sandro, qui a fini par quitter son village pour s’établir en Belgique. Il nous raconte l’enquête, mais pas seulement: c’est aussi le portrait de gens qui ont la vie dure et peu de ressources, d’un village où l’on vit de racontars, de jalousies et de rancœurs; où l’on s’épie et se critique. Et puis, il y a la description sans concession du comportement scandaleux de la presse à sensation, qui fait ses choux gras de cette tragédie. En contrepoint, il y a l’évocation poétique d’un pays splendide, d’une beauté encore magnifiée par le fait que le narrateur a dû s’exiler ,et qu’il parle de son pays natal comme du paradis perdu. Le narrateur mêle l’observation sans concession à une sorte de tendresse pour ces gens qu’il a connus de près ,qui ont encadré son enfance solitaire et dont il connaît les noirceurs mais aussi les failles et les souffrances enfouies. (présenté par Thérèse)
Le bal / Irène Némirovsky
Il s’agit d’un court roman où un couple de nouveaux riches décide de concrétiser et de célébrer leur entrée dans la « haute société » parisienne. Ils vont organiser un bal. Les préparatifs sont minutieux, les enjeux sont importants : élargir leur cercle de relations et consolider leur fortune. Antoinette, leur fille de 14 ans, est élevée par une gouvernante. Elle souffre de l’absence totale d’affection de sa mère qui refuse catégoriquement sa présence au bal. Antoinette peut toutefois aider aux préparatifs de celui-ci. Le jour du bal arrive : celui d’une terrible vengeance de cette adolescente meurtrie. J’ai beaucoup apprécié. C’est un petit bijou que l’on n’oublie pas. Belle écriture, très visuelle comme une pièce de théâtre. (présenté par Fabienne)
L’honorable collectionneur / Lize Spit
Jimmy, 11 ans, dont les parents ont divorcé, collectionne les flippos qu’il trouve dans les paquets de chips. Il rêve d’avoir la plus belle collection et de l’offrir à son meilleur ami Tristan. Ce dernier est arrivé dans sa classe en cours d’année, il est chargé de l’aider dans sa scolarité : écriture, lecture, Néerlandais … Tristan est un réfugié Kosovar et sa famille est menacée d’expulsion. Tristan a alors un plan pour obtenir le droit d’asile en Belgique où le rôle crucial est demandé à Jimmy. (présenté par Geneviève)
La voix des Saules / Nathalie Skowronek
Sollicitée pour animer des ateliers d’écriture dans un « centre de jour pour adultes en difficulté psychiatrique », Nathalie Skowronek, qui n’en a jamais dispensé, hésite. Elle n’est pas sûre d’être à la hauteur. Pourtant, sans en comprendre les raisons, elle accepte. Autour de la table, entre exercices d’écriture et confidences lâchées avec une sincérité qui la désarme, elle découvre une humanité en souffrance, digne, sans fard, sans complaisance sur son état de perte, prompte à rire d’elle-même. Au fil des séances, de plus en plus confuse et vulnérable, elle voit la distance s’amenuiser entre les participants et elle. Basile qui fuit l’atelier car il lui cause trop d’hallucinations, Pierrot qui déconstruit les phrases des uns et des autres par des jeux de mots vertigineux, Lina, la fine mouche, qui se demande si leur animatrice va aussi bien qu’elle le dit. Sans nier le gouffre de souffrance qui les sépare, elle lit ses angoisses dans le regard de ceux à qui elle est censée apporter son soutien. Le vrai et le faux, l’art et la vie, le contrôle et le lâcher prise, le dedans et le dehors, tout s’entremêle dans ce chemin qu’elle parcourt avec ses compagnons de détresse, où l’on croise aussi Virginia Woolf, Ionesco, Prévert, Stevenson. Jusqu’à avoir le sentiment de basculer de l’autre côté du miroir. C’est un nouveau monde qui se dévoile alors, où les faux-semblants, les conventions sociales, les zones de confort s’évanouissent. Désarmée par tant de sincérité, à son tour, elle se révèle. Sans effets, théorie ni jugement, elle démonte un à un les murs érigés entre le normal et le pathologique. La création se situe quelque part, au-delà de cette frontière. A l’écrivain d’oser, comme elle, s’aventurer. Un récit magnifique. Cela se passe à Bruxelles, dans un centre de jour, près de Ste Catherine. Je suis curieuse de découvrir ses autres livres. Extrait : « Voilà ce que je m’efforce de leur apporter aux Saules, le sens des métaphores. Ce n’est pas grand-chose, c’est le seul langage que je pratique. Je me dis que peut-être cela leur offrira une brève échappée, un contrepoids aux prisons mentales. Dans la mienne, les tourments déroulent leurs bandelettes infernales, se transforment en lassos, font de moi une momie. Plâtre, œuf, masque. Le souvenir de poupées de porcelaine dont, enfant, je faisais la collection, m’envahit. Des figures douces, harmonieuses. Un matin, mauvaise prise, ma préférée s’était brisée. J’avais maladroitement reconstitué l’ensemble avec de la colle – mais recolle-t-on les morceaux ? -, son visage, désormais strié de cicatrices, n’avait jamais retrouvé sa beauté d’origine. » (présenté par Edith)
Brooklyn / Colm Toibin
Enniscorthy, Irlande, années 1950. Comme de nombreuses jeunes femmes de son âge, Eilis Lacey ne parvient pas à trouver du travail. Par l’entremise d’un prêtre, on lui propose un emploi en Amérique, à Brooklyn. Poussée par sa famille, la jeune Eilis s’exile à contrecœur. Elle se résout à quitter son village natal, mais surtout sa mère et sa sœur Rose, pour aller travailler dans un grand magasin de l’autre côté de l’Atlantique. D’abord submergée par le mal du pays, elle goûte ensuite, loin du regard de ceux qui la connaissent depuis toujours, une sensation de liberté proche du bonheur. Puis un drame familial l’oblige à retraverser l’Atlantique. Une fois de retour au pays, Brooklyn se voile de l’irréalité des rêves. Eilis ne sait plus à quel monde elle appartient, quel homme elle aime, quelle vie elle souhaite. Elle voudrait ne pas devoir choisir, ne pas devoir trahir. Un tableau magistral et sensible du Brooklyn des années 1950. Portrait très touchant d’une jeune femme qui se construit affectivement et socialement, le roman de Colm Toibin est un petit bijou de justesse et de raffinement.. le personnage d’ Eilis tout en nuance, mais assumant pleinement ses envies et ses choix, est attachant. Les descriptions des lieux, les conditions météorologiques, les manières de vivre sont elles aussi très bien décrites. “Brooklyn” s’avère un roman que j’ai quitté à regret, prêt à refaire un bout de chemin avec cet auteur. Le 2e tome est Long Island. (2024). Je ne l’ai pas encore lu mais j’ai très envie. J’attends qu’il sorte en poche. « Un roman qu’on lit d’une traite, sur I’exil, l’identité, la rupture avec une communauté. » Josyane Savigneau, Le Monde des livres. (présenté par Gérard)
Un été dans la Sierra / John Muir
Un américain très connu… aux Etats-Unis. Il est considéré comme le père de la Protection de l’environnement aux U.S.A. Des dizaines de sites portent son nom et il est à l’origine de la création des premiers parcs nationaux américains. « Un été dans la Sierra » raconte un été qu’il passa à accompagner un berger et son troupeau d’ovins dans la Sierra. C’est un naturaliste et son récit est donc constitué de longues descriptions d’endroits, de phénomènes naturels, d’animaux, de plantes et de personnages rencontrés pendant ce périple. C’est fort bien écrit. Véritable amoureux de la Nature, son «Un été dans la Sierra» constitue une véritable déclaration d’Amour à la Nature. (présenté par Eric)
La Louisiane / Julia Malye
La Louisiane a été un territoire français et donc contrôlé par les Français en Amérique du Nord aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle fut baptisée ainsi en l’honneur du roi Louis XIV mais c’est Louis XV qui en témoignera la perte. Elle sera néanmoins reconquise par Napoléon 1er et revendue par celui-ci aux Etats Unis en 1803 pour couper l’herbe sous le pied des Anglais. Le roman retrace l’histoire de ces femmes qui ont été envoyées là-bas afin d’y épouser des colons français. Ces femmes étaient des « résidentes » de la Salpêtrière et ne savaient pas ce qui les attendait de l’autre côté de l’océan mais elles espéraient toutes une nouvelle vie. Julia Malye va suivre trois de ces femmes en particulier qui deviendront amies malgré elles : une orpheline de 12 ans, une jeune aristocrate désargentée et rejetée par sa famille ainsi qu’une jeune et pauvre femme condamnée pour avoir fait avorter des femmes. Elles devront braver l’adversité (maladies, guerres, intempéries et cruautés) d’une terre impitoyable. Julia Malye est une jeune écrivaine de 30 ans et elle a pris huit ans de recherches pour écrire ce livre. (présenté par Rosaria)
Gioconda / Nikos Kokantzis
En un mot : magnifique ! D’autres mots : lumineux (malgré la tragédie), poétique et sensuel. Nous sommes à Thessalonique en 1943, Nikos, un jeune adolescent tombe amoureux (et réciproquement) de Gioconda, une jeune juive. Ensemble, ils découvrent très simplement la magie de l’amour et du désir. Une véritable ode à l’amour, ce court récit a été écrit par l’auteur en 1975 pour honorer la mémoire de Gioconda qui fut déportée à Auschwitz et n’en reviendra pas. Un petit livre en format mais d’une grande sensibilité. (présenté par Rosaria)
Le rêve du pêcheur / Hemley Boum
L’histoire se passe au Cameroun, dans un village de pêcheurs, à l’embouchure d’un fleuve, entre la mer et les forêts. Zacharias mène une vie simple et heureuse, avec sa femme et ses 2 filles…bref le bonheur, mais qui est troublé progressivement par une compagnie forestière et par des chalutiers de pêche industrielle. Cela bouleverse les traditions, les relations dans le village, la sérénité dans la famille, l’harmonie du couple (sa femme lui dit : « tu achètes des choses dont on n’a pas besoin avec l’argent du poisson que tu n’as pas encore pêché »). Un jour, Zacharias n’en peut plus et c’est le drame. Parallèlement, on suit l’histoire de son petit-fils, Zachary, (nommé Petit Pa dans son village), qui a vécu avec sa mère, attentive mais fragile, prostituée et alcoolique, mais qui ne lui a jamais parlé de ses origines. Après une bêtise d’ado qui tourne mal, il quitte sa mère et arrive en France pour y faire des études (maintenant, on l’appelle Zack). Il reconstruit sa vie, mais privé d’ancrage, traumatisé par le déracinement, handicapé par les non-dits, il va devoir faire face à son passé et va enfin découvrir son histoire. C’est un roman passionnant parce que le lecteur suit 2 trajectoires sur plusieurs générations, avec des rebondissements et des traumatismes similaires qui se répètent (l’océan où l’on se noie, le vol, l’abandon de la mère…) Le lecteur peut deviner ce qui les relie, mais Zacharias le pêcheur et Zack le petit fils ne savent rien l’un de l’autre. C’est un roman touchant sur la sobriété heureuse, la transmission, l’inconscient familial, l’exil, une réflexion sur le racisme. On découvre aussi la vie au Cameroun, à 20 ans d’intervalle…. ainsi que de beaux portraits de femmes, des personnages attachants. (présenté par Anne)
Traverser les montagnes et naître ici / Marie Pavlenko
Suite au décès de son mari et de ses 2 enfants, Astrid quitte tout pour vivre seule dans la montagne. Elle va bientôt porter secours à une jeune fille syrienne qui fuit les bombes et cherche refuge en France, après avoir perdu les siens, affronté le froid et la faim, subi le viol… Elles vont s’apprivoiser et partager leurs douleurs, dans la rude beauté de la montagne enneigée. Un roman haletant, une grande solidarité féminine, de la poésie et beaucoup de bienveillance pour survivre aux traumatismes. (présenté par Anne)
Rendez-vous à la bibliothèque lundi 12 mai et 16 juin de 14h à 15h30.
Vous êtes bienvenu(e)s même si vous n’avez pas de livre à présenter, à bientôt et bonnes lectures !
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