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Club de lecture – Lundi 14 avril 2025 de 14h à 15h30

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Club de lecture

Lundi 14 avril de 14h à 15h30

Le club de lecture se réunit tous les mois pour échanger des suggestions de lectures, des compte-rendus, des coups de cœur et des lectures d’extraits… Retrouvez ces livres et vérifiez leur disponibilité dans notre catalogue.

Compte-rendu du 17 mars 2025

L’arbre monde / Richard Powers
Une fiction dont l’architecture emprunte aux arbres. Quatre chapitres : Racines, Tronc, Cime, et Graines. Le premier chapitre, Racines, est divisé en huit parties, chacune présentant un des huit personnages essentiels du texte. Dans cette première partie, l’auteur décrit la genèse de chacun des acteurs. Une sorte de biographie intime qui raconte comment chacun s’est construit depuis l’enfance. Les huit protagonistes ont en commun d’avoir un arbre dans leur histoire, un véritable arbre ou un arbre artistique, mythique. Patricia Westerford, une des huit, biologiste, revient de plusieurs mois de recherches dans les grandes forêts américaines avec cette incroyable découverte : les arbres communiquent entre eux. Elle est la risée de ses pairs. Elle finit par quitter son emploi, mais ne renonce pas pour autant. Elle finira par rencontrer les sept autres acteurs et beaucoup d’autres personnes. Tous activistes au service des arbres. Tous participent à des actions : occupation des sols, des canopées, et des chantiers pour retarder ou empêcher l’abattage des géants (séquoias etc). C’est une histoire dure et triste, faite de combats. Des arbres meurent et parfois des êtres humains. Tous, arbres et humain(e)s gardent dans leur chair, leur esprit des séquelles. Dans le dernier chapitre, la résilience apparaît plus facile pour les Humain(e)s à travers l’Amour. Comme ils ont de longs moments où ils vivent enchaînés à leurs actions, ils ont le temps de parler. Pas mal de dialogues émaillent le texte qui nous invitent à réfléchir avec les activistes sur le devenir de notre monde. Exemple : « Bientôt on transportera tout dans sa poche. On vivra, on échangera, on fera des affaires, on aura des histoires d’amour rien qu’en symboles, dans un espace virtuel. Le monde sera un jeu, avec des scores qui s’afficheront à l’écran. Et tout ça ? Il balaie l’espace d’un grand geste du bras. Toutes ces choses que selon vous les gens aiment vraiment ? La vraie vie ? Bientôt on ne se rappellera même plus comment c’était. » Un très beau roman qui rend compte de notre Humanité et de notre relation au Vivant. (présenté par Éric)

Les impatientes / Djaili Amadou Amal
Roman contemporain sur le parcours de trois femmes Peules du Nord du Cameroun. Bien que Ramla, Safira et Hindu vivent dans un milieu aisé, elles sont victimes du poids des traditions et sont étouffées par le patriarcat. Elles n’ont aucune prise sur leur avenir et subissent mariage forcé, polygamie et violences conjugales. Sitôt mariées, elles perdent tout soutien de leur famille et restent à la merci de leur époux, quoiqu’il arrive. Le seul conseil qui leur soit donné avant le mariage est : « Patience ! Telle est la seule valeur du mariage et de la vie. » Comment ces trois femmes impatientes vont-elles faire face à leur destin ? Roman glaçant et interpellant. (présenté par Fabienne)

Et c’est ainsi que nous vivrons / Douglas Kennedy
L’héroïne principale et narratrice, Sam, est une sorte d’agent secret, chargée d’éliminer les ennemis de son pays. L’histoire se complique lorsqu’elle découvre que sa cible n’est autre que sa demi-sœur, dont son père adoré lui avait caché l’existence. Ce pourrait être un simple roman policier, sauf que… Cela se passe en 2045, après l’implosion des Etats-Unis en deux pays ennemis, l’un étant devenu une théocratie infernale, l’autre une république hyper connectée qui, sous prétexte d’assurer la liberté, exerce une surveillance sans faille de ses citoyens, un peu comme dans 1984 de George Orwell. Portrait au vitriol d’une société déchirée et violente, où plus personne ne fait confiance à personne, où les convictions politiques et religieuses irréductiblement opposées justifient toutes les violences. Le livre s’ouvre sur l’exécution d’une coupable : une humoriste transgenre est condamnée au bûcher, comme les sorcières du Moyen-Âge ! Et au-delà des Etats-Unis, le monde tout entier est devenu invivable, condamnant chacun à la méfiance et à la solitude. Un livre remarquable, facile à lire, on se prend d’un vif intérêt pour l’intrigue, pleine de rebondissements, mais aussi fort inquiétant, tant l’analyse de Kennedy est lucide et relève plus de la possible réalité que de la science-fiction. (présenté par Thérèse)

L’enfant qui / Jeanne Benameur
Gros coup de cœur dès le début du livre, j’ai plongé avec lenteur dans cette écriture poétique et sensible, un univers particulier où l’imaginaire et la réalité se mélangent et m’ont parfois déroutée. Dans l’absence laissée par la disparition inexpliquée de sa mère, un enfant, son père et sa grand-mère partent chacun à la reconquête de leur place et de leur présence au monde. Dix-sept ans après le choc de Les demeurées, Jeanne Benameur, fidèle aux âmes nues, pose avec L’enfant qui une nouvelle pierre sur le chemin le plus juste vers la liberté. Porté par la puissance de l’imaginaire, L’enfant qui raconte l’invention de soi, et se déploie, sensuel et concret, en osmose avec le paysage et les élans des corps, pour mieux trouver l’envol. Extrait : « Quand il avait rencontré ta mère, elle qui marchait si fière et silencieuse, c’était comme si elle ne venait pas de la lignée de ceux qui avaient d’abord regardé la terre. Elle était droite et toute la souplesse de ses hanches disait qu’elle ne faisait aucun effort pour ça. Son regard allait loin devant elle. Elle portait haut les yeux. Elle semblait étrangère à tous ceux qu’il connaissait et c’est cela qu’il avait aimé. Elle, il ne l’avait jamais imaginée ployée vers la terre. C’était impossible. Et avec elle, il n’y aurait aucun risque de retourner à la vie courbée. Elle le tenait dans son regard. Ce pouvoir là, il était aussi fort que celui de son corps nu contre le sien chaque nuit. Peut-être même plus. Mais on ne peut pas confier ses os à quelqu’un. C’est trop. Il lui en avait voulu de cela même qu’il désirait au plus profond de lui. Confier à quelqu’un d’autre le pouvoir de se tenir debout, c’était trop, oui, beaucoup trop. Alors la rage de dépendre et de ne même pas comprendre de quoi on dépend l’avait peu à peu envahi. Il avait cru que son désir d’elle, c’était le désir tout simple qui fait vibrer les corps et rend puissant le temps d’une nuit mais aujourd’hui il mesure que son désir était bien plus vaste. Infini. Que ce désir touchait à des choses qui dépassent de loin ce qu’on nomme amour ou peut être l’amour n’est-il que cela ? Il ne sait plus rien. Elle a disparu. Il était trop lourd à porter ? » (présenté par Edith)

La symphonie des monstres / Marc Levy
Dans La symphonie des monstres, Marc Levy raconte l’histoire du petit Valentyn, 9 ans, jeune garçon ukrainien atteint de mutisme, qui est enlevé brutalement dans son école par l’envahisseur russe pour être emmené, comme beaucoup d’autres enfants de son pays, dans ce qu’ils appellent un orphelinat afin d’être adopté en Russie. Valentyn a une sœur aînée, Lilya, et une mère, Veronika, infirmière dans un dispensaire où elle soigne les blessés de guerre. Toutes deux très déterminées, veulent retrouver et récupérer Valentyn. D’abord séparément et dangereusement, elles vont ensuite unir leurs forces pour le retrouver. La solidarité ukrainienne leur vient en aide ainsi que le groupe de La trilogie des 9. L’auteur s’est parfaitement documenté sur le conflit auprès de témoins des deux pays concernés, ses personnages sont inspirés de personnes réelles tout en évoluant dans une histoire cependant romancée. Marc Levy y introduit suffisamment de suspense pour tenir son lecteur en haleine. (présenté par Odette)

Matin Brun / Frank Pavloff
Il s’agit d’une nouvelle. Deux amis vivent dans un pays imaginaire où un régime totalitaire prend le pouvoir. De manière graduelle il instaure des limitations aux libertés. Tout ce qui n’est pas « brun » est interdit : d’abord les chiens, les chats puis les livres, le journal local et finalement les personnes ayant eu ou possédant quelque chose de brun. Les deux amis s’accommodent dans un premier temps des premières mesures : ils ne se sentent pas concernés. Puis l’inquiétude s’installe car les nouvelles interdictions les affectent de plus en plus directement. Un « matin brun », la milice frappe à la porte… Cette nouvelle parle de la limitation des libertés, de l’eugénisme, la censure, l’indifférence et la lâcheté. La couleur brune fait référence aux Chemises Brunes du régime nazi. Cette nouvelle m’évoque le court roman de Kressmann Taylor : Inconnu à cette adresse qui a été publié en 1938. (présenté par Fabienne)

Le cimetière de la mer / Aslak Nore
La famille Falck compte parmi les plus puissantes de Norvège. Le suicide de Vera Lind, la matriarche de la lignée, pourrait toutefois entraîner l’effondrement de leur empire : elle laisse derrière elle l’énigme de la disparition de son testament, et de nombreux mystères. Comme celui qui entoure la fin de sa carrière d’écrivaine à succès. Sasha, sa petite fille, part alors à la recherche de son dernier manuscrit, resté inédit, qui raconterait le naufrage d’un express côtier pendant la Seconde Guerre mondiale, englouti avec les secrets de la jeunesse de sa grand-mère. Désobéissant aux ombres de son père soucieux de préserver l’honneur de sa fondation et de la Norvège, Sasha s’allie à son cousin de Bergen et à l’impénétrable Johnny Berg, un ancien agent des services de renseignement norvégiens, pour découvrir cette vérité cachée au fond des eaux. Brossant une fresque assez large, Aslak Nore embarque le lecteur dans le passé labyrinthique d’une dynastie où loyauté et vérité s’opposent, dans la tradition des sagas scandinaves et du meilleur de la littérature noire. L’on ne remue pas les boues du passé sans risque. C’est ce que le récit nous laisse constater en ménageant ses effets de suspense, à mesure qu’aux secrets de cette famille fictive, se mêlent politique et faits historiques authentiques, parfois méconnus, des années quarante à nos jours. De la résistance intérieure au nazisme révélée à l’occasion du naufrage, célèbre en Norvège, de l’express côtier qui, en 1940, coûta la vie de quelque 300 passagers, dont bon nombre de soldats allemands à son bord, aux cellules « stay behind », ces réseaux clandestins coordonnés par l’OTAN pendant la Guerre froide pour protéger l’Europe de l’Ouest d’une invasion soviétique, en passant par les dérives privées de la lutte contre l’État islamique. L’auteur, qui fut membre de l’armée de l’OTAN en Bosnie, puis journaliste dans les forces norvégiennes et américaines en Afghanistan et en Irak, inscrit son histoire dans une perspective bien sombre et bien éloignée de la version officielle de l’histoire nationale norvégienne. Le résultat est un roman foisonnant, entre saga familiale, thriller psychologique et polar géopolitique, dont, nonobstant quelques longueurs, l’on vit avec curiosité les aventures pleines de coups de théâtre. Plus que ses intrications familiales savamment construites pour nous tenir en haleine, ce sont son épaisseur historique et ses coups de projecteur sur quelques aspects méconnus de la politique extérieure de la Norvège ce dernier siècle qui font le principal intérêt de ce livre. A noter que Aslak Nore a déjà suscité la polémique dans son pays à l’occasion de publications précédentes, comme son essai Extremistan en 2009, non traduit, où il exprimait, à propos de l’immigration, ses interrogations quant à l’extrémisation « pour le meilleur et pour le pire » de la Norvège. Le plus : arbre généalogique. Hypothèse : encore un récit très volumineux (2 tomes de plus de 600 pages) ! Les auteurs, les écrivains sont les seuls qui sont réellement des créateurs ! En ce sens, ils sont indispensables. De trop nombreux métiers annexes, du cinéma à la télévision, des producteurs cherchent à exploiter des idées pour en faire des films, des séries, etc. Les auteurs ne sont pas assez rétribués. Ont-ils en tête, dès le début, de produire de gros volumes en espérant être repris pour le tournage de ces séries tellement à la mode ? (présenté par Gérard)

Vous parler de mon fils / Philippe Besson
Un père raconte son désarroi face au suicide de son fils, âgé de 14 ans, victime de harcèlement scolaire. Il exprime sa révolte face à l’intolérance et la cruauté des harceleurs, son incompréhension face à la lâcheté et la bêtise des copains de classe, il dit sa colère devant l’institution scolaire incompétente pour gérer les mécanismes insidieux du harcèlement, il éprouve la culpabilité du parent qui n’a pas pu empêcher le pire, et il décrit le bouleversement et les difficultés qui en découlent pour le petit frère et l’harmonie du couple. Enfin, il pose la question : « comment vivre avec ça ? ». Un sujet bien actuel, traité dans un roman bien construit, dans une écriture très simple, efficace et sans pathos, C’est très humain, vraisemblable, touchant. (présenté par Anne)

L’homme qui aimait les chiens / Leonardo Padura
Un roman qui commence et finit à La Havane, qui pourrait s’appeler « La terreur et les mensonges ». Ou comment Ramon Mercader, né en Catalogne, rejoint à Coyoacan, un autre homme né en Ukraine, pour le tuer, en août 1940, au nom d’un monde nouveau, et dans les faits, pour obéir à Staline. Passage par la guerre d’Espagne, la Turquie, la France, la Norvège, le Mexique, et d’ innombrables traîtrises. Un beau portrait de sa femme par l’exilé. En contrepoint, la bonté dans l’œil des chiens. (présenté par Jean-Jacques)

Le couteau / Salman Rushdie
En 27 secondes, Salman Rushdie, prêt à donner une conférence, est agressé à grands coups de couteau, par un jeune islamiste de 24 ans. Son cou, son thorax, sa main d’écrivain, son œil ne seront pas épargnés. Il respecte l’islam et a pourtant fait l’œuvre d’une fatwa. Par l’écriture, il transmet comment il a pu se sentir mieux, se prendre en charge et comment s’approprier cette histoire. Il répond à la violence par l’art et la littérature. (présenté par Geneviève)

Le serpent majuscule / Pierre Lemaître
Le dernier polar de Pierre Lemaître, publié en 2021, est en fait son premier roman, écrit en 1985 et jamais soumis à un éditeur. Le serpent majuscule, c’est Mathilde, veuve de 63 ans, ancienne résistante, qui vit seule avec son chien Ludo. Cette dame apparemment sans histoire est en fait une redoutable tueuse professionnelle, qui n’utilise que des armes de gros calibre avec lesquelles elle trucide ses cibles sans aucune pitié et même avec une cruauté certaine. Mais voilà que Mathilde commence à dérailler : elle a des pertes de mémoire, oublie de se débarrasser de l’arme dont elle s’est servie pour une de ses missions, ne sait plus si les coordonnées qu’elle a notées sur un bout de papier sont bien celles d’une personne qu’elle est censée éliminer. Il lui arrive de perdre son sang-froid et de faire des victimes collatérales ou de prendre des initiatives. Ce qui ne plaît pas à ses commanditaires, qui décident de l’éliminer. Mais ça ne s’avère pas si facile car Mathilde a encore de la ressource. Les meurtres sanglants vont s’enchaîner, jusqu’à la fin littéralement renversante. Un polar extrêmement violent mais aussi très drôle, grâce au talent de Pierre Lemaître pour créer des personnages hauts en couleur et à l’humour (noir) omniprésent. Un vrai régal ! (présenté par Martine)

Rendez-vous à la bibliothèque lundi 14 avril, 12 mai, et 16 juin de 14h à 15h30.

Vous êtes bienvenu(e)s même si vous n’avez pas de livre à présenter, à bientôt et bonnes lectures !

Anne-Françoise et Edith


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