Club de lecture – Lundi 19 juin 2023 de 14h à 15h30
Club de lecture
Lundi 19 juin de 14h à 15h30
À l’initiative d’une de nos lectrices, un club de lecture s’est formé à la bibliothèque. Il se réunit tous les mois, pour échanger pistes, idées de titres, coups de cœur, lectures d’extraits…
Compte-rendu du 15 mai 2023
Djebel Amour / Roger Frison-Roche
Aurélie Picard épouse un jeune prince de l’islam, Si Ahmed Tidjani. Il répudie trois femmes dont la mère de son fils, futur grand Maître. Sa vie bascule vers le grand sud algérien, ses rivalités, sa vie de nomade. Avec ambition, elle consolide la prospérité de son mari et règne en maîtresse-femme sur ces grandes étendues. (présenté par Geneviève)
Le royaume désuni / Jonathan Coe
Une sorte de saga familiale se déroulant de 1945 à 2020, soit depuis la fin de la guerre jusqu’à l’émergence du Covid, à Birmingham en Angleterre. L’auteur prend soin de nous donner l’arbre généalogique de cette famille. Il y a la figure centrale, Mary, que nous suivons de l’enfance à la mort, avec mariage, enfants, petits-enfants. Mais cette histoire se déroule sur fond de l’histoire du Royaume Uni, et d’ailleurs les différents chapitres correspondent à des moments-clé : la fin de la guerre avec le discours du roi, le couronnement d’Elisabeth II, le mariage de Charles et Diana, la mort de Lady Di. A chaque fois, l’auteur nous décrit avec finesse les réactions de chacun, car dans ce microcosme familial, se trouvent toutes les opinions possibles, il y a ceux qui sont nationalistes, royalistes et ceux qui sont racistes, ceux qui sont progressistes et ceux qui sont hermétiques aux idées neuves, ceux qui sont matérialistes et ceux qui sont plutôt artistes, etc… Il y a aussi l’évolution rapide de la ville de Birmingham, y compris la crise économique qui la frappe durement. Au passage on reconnaîtra de grands et moins grands personnages historiques, du merveilleux Churchill au clownesque Boris Johnson, en passant par Margaret Thatcher. Mais tout cela se fait au fil d’une histoire très prenante, présentée sous l’angle du roman, passionnante de bout en bout. Coe porte sur son pays en pleine crise d’identité un regard à la fois aimant et ironique, marqué aussi par la nostalgie. Une très belle lecture ! (présenté par Thérèse)
L’invention des ailes / Sue Monk Kidd
Caroline du Sud, 1803. Fille d’une riche famille de Charleston, Sarah Grimké sait dès le plus jeune âge qu’elle veut faire de grandes choses dans sa vie. Lorsque pour ses onze ans sa mère lui offre la petite Handful comme esclave personnelle, Sarah se dresse contre les horribles pratiques de telles servilité et inégalité, convictions qu’elle va nourrir tout au long de sa vie. Mais les limites imposées aux femmes écrasent ses ambitions. Une belle amitié naît entre les deux fillettes, Sarah et Handful, qui aspirent toutes deux à s’échapper de l’enceinte étouffante de la maison Grimké. À travers les années, à travers de nombreux obstacles, elles deviennent des jeunes femmes avides de liberté et d’indépendance, qui se battent pour affirmer leur droit de vivre et se faire une place dans le monde. Une superbe ode à l’espoir et à l’audace, les destins entrecroisés de deux personnages inoubliables ! Ce roman fait entendre deux voix, celles de deux fillettes devenant deux femmes criant l’injustice du sort tout désigné qui leur est échu. L’une littéralement privée de toute liberté réunira toutes ses forces et son intelligence en vue d’un hypothétique affranchissement alors que l’autre, non moins prisonnière de son milieu aristocratique, butera contre les portes fermées de son avenir. Deux voix tellement émouvantes, aux accents déchirants, parfois inquiètes mais toujours pleines d’ardeur pour défendre leurs désirs de liberté. L’auteure s’est inspirée de l’histoire de ces deux sœurs originaires de Charleston, le reste relevant de la fiction. L’auteure a souhaité donner toutes leurs places aux actions, aux luttes de ces femmes que l’histoire s’est efforcée d’oublier. Ce roman aborde en parallèle le thème de la naissance du féminisme et celui de la fin de l’esclavage. Les deux thèmes n’en font qu’un : celui de l’atteinte aux libertés humaines. (présenté par Edith)
Le récital des anges / Tracy Chevalier
Londres, janvier 1901 : la reine Victoria vient de mourir. Comme la coutume l’impose, les familles se rendent au cimetière. Leurs tombes étant mitoyennes, les Waterhouse et les Coleman vont faire connaissance et leurs petites filles vont immédiatement se lier d’amitié. Pourtant, les familles n’ont pas grand-chose en commun. L’une incarne les valeurs traditionnelles de l’ère victorienne et l’autre aspire à plus de liberté. Dans le cimetière, véritable cœur du roman, Lavinia et Maude se retrouvent souvent et partagent leurs jeux et leurs secrets avec Simon, le fils du fossoyeur, au grand dam de leurs parents. Lavinia est élevée dans le respect des principes alors que Maude est livrée à elle-même : sa mère, Kitty Coleman, vit dans ses propres chimères. Ni la lecture, ni le jardinage, ni même une liaison ne suffisent à lui donner goût à la vie. Jusqu’au jour où elle découvre la cause des suffragettes. La vie des deux familles en sera bouleversée à jamais. Ce roman polyphonique construit autour des familles de Maude et Lavinia dévoile leur vies respectives dans cette Angleterre en plein bouleversement, celles de leurs parents que tout oppose, l’évolution des femmes, les suffragettes et leur lutte opiniâtre afin d’obtenir le droit de vote pour les femmes. Au-delà de la défense de la cause, on entrevoit aussi les belles amitiés qui ont pu se nouer entre elles. Une belle histoire, originale et tout en finesse. (présenté par Edith)
La porte du voyage sans retour / David Diop
La porte du voyage sans retour est le surnom donné à l’île de Gorée, d’où sont partis des millions d’Africains au temps de la traite des Noirs. C’est dans ce qui est en 1750 une concession française qu’un jeune homme débarque, venu au Sénégal pour étudier la flore locale. Botaniste, il caresse le rêve d’établir une encyclopédie universelle du vivant, en un siècle où l’heure est aux Lumières. Lorsqu’il a vent de l’histoire d’une jeune Africaine promise à l’esclavage et qui serait parvenue à s’évader, trouvant refuge quelque part aux confins de la terre sénégalaise, son voyage et son destin basculent dans la quête obstinée de cette femme perdue qui a laissé derrière elle mille pistes et autant de légendes. S’inspirant de la figure de Michel Adanson, naturaliste français (1727-1806), David Diop signe un roman éblouissant, évocation puissante d’un royaume où la parole est reine, odyssée bouleversante de deux êtres qui ne cessent de se rejoindre, de s’aimer et de se perdre, transmission d’un héritage d’un père à sa fille, destinataire ultime des carnets qui relatent ce voyage caché. (présenté par Bahdon)
Les folles enquêtes de Magritte et Georgette / Nadine Monfils
La nouvelle pépite du cosy mystery dénichée par La Bête noire : Les Folles enquêtes de Magritte et Georgette. Une série d’enquêtes inédites menées par le peintre René Magritte et sa femme, Georgette. C’était au temps où Bruxelles bruxellait… À l’arrêt du tram, le célèbre peintre René Magritte, chapeau boule, costume sombre et pipe au bec, a une vision étrange : une jeune femme en robe fleurie, debout à côté de son corps ! Il en parle à Georgette, son épouse, et immortalise la scène dans un tableau. Quelques jours plus tard, cette femme est retrouvée assassinée, avec une lettre d’amour parfumée dans son sac et un bouquet de lilas sous sa robe. Les Folles enquêtes de Magritte et Georgette, est un roman policier hors normes, très original. Jubilatoire ! (présenté par Cécile)
Reste / Adeline Dieudonné
A l’occasion de son 41ème anniversaire, « Je » passe un week-end, dans un chalet, en compagnie de son amant « M ». Survient la mort de « M », noyé dans un petit lac non loin du chalet. « Je » devrait-elle prévenir la police ? Elle ne le fait pas. Toutefois elle écrit à l’épouse de « M ». (présenté par Michèle)
Le Mystère de la femme sans tête / Myriam Leroy
En décembre 2020, pendant le confinement, Myriam Leroy découvre par hasard, dans la pelouse d’honneur de la Seconde Guerre mondiale du cimetière d’Ixelles, une tombe portant comme inscription : « Marina Chafroff, décapitée ». Etonnée de ne jamais avoir entendu parler de cette femme, elle découvre sur internet qu’il s’agit d’une jeune russe exilée en Belgique avec sa famille, qui a été décapitée à la hache sur ordre d’Hitler en 1942 pour avoir poignardé un officier allemand, et qui a ensuite sombré dans l’oubli. L’autrice décide de rendre justice à cette héroïne et entreprend des recherches afin de raconter son histoire. Mais les renseignements sont rares et contradictoires. On ne sait même pas si elle a réellement commis cet attentat ou si elle s’est juste dénoncée pour éviter que des otages soient exécutés. L’auteure doit donc inventer les circonstances qui ont conduit à l’agression ainsi que la personnalité, les pensées et les sentiments de Marina et des autres protagonistes. Elle se base notamment sur le témoignage de Vadim, le plus jeune fils de Marina, et parfois aussi sur son propre vécu. Elle dresse le portrait d’une mère de famille courageuse et dévouée, d’abord soumise puis rebelle, totalement effacée par les hommes, aussi bien de son vivant (personne ne prend au sérieux ses velléités de résistance aux nazis) qu’après sa mort. Au fil du récit, Myriam Leroy nous fait part de ses réflexions sur la place des femmes dans la société et le sexisme qui régnait à l’époque de Marina et qui est toujours bien présent aujourd’hui. Ce livre se lit facilement, il est bien écrit, raconte l’histoire d’une femme attachante et courageuse, et décrit l’atmosphère qui régnait à Bruxelles dans l’immédiate avant-guerre et pendant l’occupation. Bien entendu, le mystère n’est pas vraiment éclairci puisqu’on sait finalement très peu de choses sur ce qui s’est réellement passé. Mais ce n’est pas vraiment gênant puisqu’il s’agit d’un roman. Seul petit bémol : la présence un peu trop appuyée de l’auteure, qui exprime par moments ses réflexions en dialoguant avec elle-même à la deuxième personne ; j’ai trouvé ce procédé artificiel et, à mon avis, il nuit à la fluidité du récit. (présenté par Martine)
Les grandes oubliées : pourquoi l’histoire a oublié les femmes / Titiou Lecoq
Dans ce livre, l’autrice revisite l’histoire, de la préhistoire au monde contemporain, à travers une question : pourquoi parle-t-on si peu des femmes dans les livres d’histoire, alors qu’à toutes les époques, des femmes ont agi, créé, écrit, milité, combattu ? En se basant sur les travaux récents d’historiennes et de quelques historiens, elle montre que, contrairement à ce que donnent à penser la plupart des manuels d’histoire, l’histoire pour les femmes n’a pas consisté en une progression linéaire d’un état de complète servitude à une libération totale. Au contraire, il y a eu des périodes de plus grande liberté (par exemple, contrairement à une idée reçue, la société du paléolithique était assez égalitaire et tous les « chasseurs » n’étaient pas des hommes ; il semblerait aussi que parmi les auteurs de peintures rupestres, il y avait des femmes), suivies de périodes de régression (au XVIIe siècle, l’Académie française a supprimé toute une série de noms de métiers féminins qui existaient au Moyen-âge, comme « chevaleresse », « tavernière », « doctoresse » ou « autrice », et décidé que désormais le masculin l’emporterait partout pour l’accord des adjectifs). Le livre est bourré d’humour et très plaisant à lire. Il présente un panorama de l’histoire des femmes en dénonçant bon nombre d’idées fausses et invite à approfondir les sujets abordés en lisant certains des travaux cités par l’autrice. Une lecture à la fois agréable, intéressante et stimulante. (présenté par Martine)
Les Conspirateurs / Shan Sa
Shan Sa (Yan Ni de son vrai nom) est écrivaine, peintre, poète et calligraphe française d’origine chinoise. De nationalité chinoise, elle est née à Pékin le 26/10/1972. Elle grandit dans une famille de lettrés traditionnels, et écrit et publie des poèmes dès l’âge de 7 ans. A 14 ans, elle devient la plus jeune membre de l’Association des écrivains de Pékin. Après les manifestations de la place Tian’anmen, elle quitte Pékin pour poursuivre des études de philosophie et d’histoire de l’art à Paris. En 1994, elle rencontre le peintre Balthus et sa femme Setsuko qui l’initie à la culture japonaise (cithare, jeu de go, calligraphie et épée). Elle devient leur assistante jusqu’en 1996. En 1997, elle écrit Porte de la Paix céleste (éditions du Rocher) et remporte le prix Goncourt du Premier Roman. En 1999, elle écrit Les quatre vies du saule et remporte le prix Cazes. En 2001, elle est de nouveau récompensée par le prix Goncourt des Lycéens pour son roman La Joueuse de go qui rencontre un grand succès auprès du public. En 2003 paraît Impératrice. Les Conspirateurs… Blond, yeux bleus, sourire triomphant, un Américain. Belle, déterminée, cruelle, une Chinoise. Désabusé, cynique, ambitieux, Un Français. Paris, Pékin, Washington. Sur le grand échiquier planétaire, trois espions lancés dans un jeu de rôles et une course-poursuite sans pitié, où plus personne ne sait qui est qui, qui aime qui. Dans cet ouvrage, Shan Sa nous fait découvrir la suite des événements de Porte de la paix céleste. Qu’est devenue la jeune Ayamei, leader de la révolte de Tien An Men ? S’en est-elle sortie ? A-t-elle refait sa vie ? L’ouvrage s’ouvre sur l’étrange Jonathan Julian. Agent de la CIA ? du FBI ? D’une organisation pro ou anti gouvernementale ? Comme prévu, les protagonistes se rencontrent et entament une relation amoureuse. Mais les apparences sont parfois trompeuses. Et on ne sait jamais vraiment à qui l’on a affaire… Ceux qui ont apprécié le talent de Shan Sa seront enchantés de retrouver son style simple, élégant et efficace. On a le plaisir de voir le talent de l’auteure évoluer et se bonifier avec le temps ! Elle déroule sous nos yeux un triptyque intelligemment mis en scène. Rebondissements, suspens et coups de théâtre sont au rendez-vous dans une intrigue très bien menée. Enfin, les principaux protagonistes sont dépeints de main de maître ! Ce livre est une vague… Il vous tombe dessus sans crier gare, vous ballotte de droite à gauche, vous submerge avant de vous rejeter tremblant et tout ému sur une plage (mais laquelle ?). On met quelques temps en le refermant pour comprendre ce qu’on vient de vivre… Une belle histoire ? Une histoire triste ? Les personnages qui se croisent dans ce roman sont tout à la fois pathétiques et magnifiques, profonds et inaccessibles… L’auteur nous révèle leurs sentiments, leurs failles et leur passé à travers des phrases anodines… Mais d’une force et d’une beauté telle qu’il m’est arrivé de relire 2, 3, voire 4 fois certains passages… (présenté par Gérard)
Messes amères / Benoît Goffin
Que cherche ce jeune homme idéaliste en ces lieux saints ? Des réponses à ses questions existentielles et sa voie parmi tant de chemins de vie, sans doute. Mais c’est un frère novice assassiné qu’il découvre bientôt derrière les murs de son institution religieuse… D’un couvent bruxellois à un ermitage ardennais et d’une Semaine Sainte bien peu régulière à un sombre passé guerrier, l’enquête policière bute et trébuche entre cachotteries et dénis. C’est que même dans la clôture d’un monastère liégeois, on oublie que le mensonge est un péché… capital ! Il se passe de drôles de choses dans la communauté de Bruxelles. Tout commence avec le suicide de Jean de Jésus, moine étudiant. Mais est-ce un suicide ? Si le docteur Alliaume, généraliste s’occupant de la santé des moines arrive d’abord à cette conclusion, force est de constater au deuxième incident qui touche Père Amand, que la première mort n’est sûrement pas naturelle. Le prieur Père Elisée est alors contraint d’accepter la présence de la police. Dans ce lieu de silence et de prière, les langues se délient difficilement. Et ce n’est pas forcément les vœux prononcés qui justifient que certains moines se taisent. Frère Jean a-t-il ouvert la boîte de Pandore ? Des secrets qui remontent à plusieurs décennies sont-ils la raison de cette mort ? ou des actes récents se trament-ils dans les couloirs de ce monastère ? Et quel rôle joue l’Eglise dans cet imbroglio ? D’une plume érudite, l’auteur nous entraîne dans les méandres des monastères. On y trouve une connaissance certaine du milieu qui peut au départ paraître longue, mais on se prend petit à petit à l’histoire et elle est passionnante. Teintée d’un certain humour, la description de la communauté et des travers de certains moines est savoureuse. Une particularité de ce livre est son style d’écriture. En effet, je l’ai trouvé à la fois très ingénieux et distinctif. Délaissant des phrases simplistes, l’auteur apporte un idiome complètement inventif pour un thriller. Heureusement que l’auteur a eu l’excellente idée de fournir une liste des différents protagonistes et de leurs fonctions car ils sont un certain nombre au final, et il peut être parfois déconcertant pour le lecteur de s’y retrouver face à cette pléthore. Ce relevé est donc indispensable. (présenté par Gérard)
Rendez-vous à la bibliothèque lundi 19/06 de 14h à 15h30.
Vous êtes les bienvenu(e)s même si vous n’avez pas de livre à présenter, à bientôt et bonnes lectures !
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