Une bibliothèque aux petits soins ! Trois mois pour tester la pharmacopée bibliopathique
Sans renier l’enthousiasme habituellement de mise dans ces éditoriaux, on ne pourrait contester ce diagnostic : le monde actuel est victime de profonds malaises ! Il est enrhumé, convulsif, et fiévreux, et souffre de troubles de développement ! Les dépressions climatiques, énergétiques et humaines s’enchaînent, le système social est grippé, les fractures numériques se multiplient et se complexifient, les crises sanitaires se succèdent… Ce phénomène global est malheureusement contagieux sur le plan individuel : il « favorise » l’isolement, la solitude, la fragilité, la précarité matérielle et psychique. Oserions-nous affirmer qu’aucun de nous n’est totalement à l’abri de cette vulnérabilité?
Dans notre série d’investigations sur le potentiel d’élargissement de nos missions, nous aimerions, au cours de notre prochain trimestre thématique, évaluer dans quelle mesure nous sommes en mesure de contribuer à soulager ces «pathologies » qui agressent l’air ambiant et nos organismes. En clair, nous souhaiterions examiner la capacité de notre bibliothèque à agir sur la santé, à être aussi partiellement un lieu du « prendre soin ». Nous avons ainsi mis au point une expérience qui nous permettra de vérifier si nous pourrons appliquer dans nos locaux l’éthique du care (de la bienveillance, de la sollicitude) suivant la définition qu’en donne la politologue Joan Tronto : « une activité générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre « monde », de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible ».
Vous nous connaissez, ce n’est pas par des traitements lourds, des moyens spectaculaires ou une médication agressive que nous sonderons la validité de cette hypothèse : aux grands maux du monde, la bibliothèque opposera donc une multitude de petits remèdes ! Ce sont des interventions délicatement soupesées que des animateur.trice.s et collègues prendront soin de vous administrer à doses bibliopathiques dans les semaines à venir : ateliers créatifs intergénérationnels et bienveillants, ateliers d’écriture soignés, parlants et reliants, prescriptions de bibliothérapie revigorante, séances de lectures apaisantes, fioles d’histoires pleines de santé ou autres flacons livresques… Pour augmenter l’efficacité de cette pharmacopée, nous y ajouterons également des ingrédients hautement bénéfiques : des conversations constructives, des rencontres littéraires enrichissantes, et des dialogues féconds.
Parallèlement à ces différents « beaumes du livre » individuels, nous procèderons également à la dimension collective de notre expérience. Cela inclura des activités de philosophie inclusive, en forme d’échanges et transmissions de savoirs-faire, d’accompagnements humains et techniques… Fidèles au préceptes de Joan Tronto, nous dépasserons aussi le stade de la « simple » interaction humaine pour aborder les soins que, par notre intermédiaire, nous pouvons également apporter à des objets, à la planète, à des éléments liés à notre environnement…
Une fois cet inventaire de la pharmacopée bibliopathique terminé, nous trouverons alors, pour ceux.celles que ça intéresse, une manière originale, propice, créative – et même festive ! – pour synthétiser et pérenniser nos observations du trimestre.
Nous espérons que notre nouvelle expérience « biblio take care » vous plaira. En attendant de la rejoindre, en dehors de toute « consultation » programmée, n’hésitez pas à contourner les services d’urgence pour vous offrir quelques séances de slow booking dans nos rayons ou via notre catalogue !
À notre santé ! À la santé de la.les bibliothèque.s !
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